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L'Oeil électrique #25 | Société / Pierre Carles : Saboteur cathodique

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Par Eric Magnen, Ivan Péault, Stéphane Corcoral.
Illustrations : Philippe Hollevout.

En quelques années, Pierre Carles a réussi l'exploit d'être interdit d'antenne sur toutes les chaînes de télévision françaises. C'est à sa manière sournoise et insistante de malmener le beau linge télévisuel qu'il doit cette "réussite". Mais il ne suffit pas de parvenir à être exclu du monde de la télévision : encore faut-il savoir rebondir une fois l'excommunication obtenue. Le documentaire Pas vu pas pris qui raconte précisément ses déboires télévisuels à travers un cas d'espèce (la censure d'un de ses reportages par Canal +) lui permet d'entamer une nouvelle carrière, orientée cette fois vers le cinéma. Ce qu'il ne peut dire sur le petit écran, il le dira donc sur le grand. Avec quelques associés, dont la productrice Annie Gonzalez, il crée la société C-P Productions afin de sortir Pas vu pas pris en salles. Le succès commercial inespéré du film permet de consolider les bases de C-P Productions et d'enchaîner sur un projet plus ambitieux : un long documentaire sur le travail du sociologue Pierre Bourdieu (1). Ce sera La Sociologie est un sport de combat, l'une des rares occasions de voir la pensée de Bourdieu s'incarner à l'écran.
L'automne 2002 voit le retour du trublion avec Enfin pris ?, où il se demande, à sa manière ludique, si l'on peut "critiquer la télévision à la télévision". Pour cela, il part d'une émission d'Arrêt sur images dans laquelle Daniel Schneidermann avait invité Pierre Bourdieu et qui fit couler beaucoup d'encre (voir encart page suivante). On retrouve dans ce film une synthèse des deux premiers : la dérision toute puissante de Pas vu pas pris et la plus grande exigence intellectuelle de La Sociologie... Avec, en cerise sur le gâteau, une séquence d'introspection (sur le divan d'un psy, pour une pseudo analyse) où Carles, pour la première fois, se met réellement en danger devant sa caméra. Un indice qui incite à penser que l'époque des frasques provocatrices a laissé la place à une démarche plus réfléchie et plus ambitieuse.
Avant l'interview, nous nous interrogions sur le personnage : chevalier blanc ou sniper réglant ses petits comptes personnels sous couvert d'intégrité ? Destructeur cynique ou saboteur bien inspiré d'un système qui le vaut bien ? Une chose est en tout cas certaine : Pierre Carles nous pousse efficacement à nous questionner sur les influences télévisuelles dont nous sommes les victimes consentantes.

(1) Sociologue, titulaire de la chaire de sociologie au Collège de France, Pierre Bourdieu est décédé en janvier 2002. Ses recherches en sciences sociales lui ont notamment permis d'élaborer une théorie de la reproduction sociale.

Qu'est-ce qui a motivé la réalisation d'Enfin pris ? ?
Après avoir fait La Sociologie est un sport de combat, on me posait souvent la question "Mais pourquoi n'y a-t-il pas de contradicteur face à Bourdieu dans ce film ?" Au lieu d'y répondre oralement et de répéter toujours la même chose, j'ai préféré faire un film qui expliquerait entre autres les raisons pour lesquelles j'ai fait La Sociologie est un sport de combat.
Ça m'intéressait aussi de travailler à nouveau avec des matériaux autobiographiques comme je l'avais fait dans Pas vu pas pris, en mélangeant légèreté et gravité. J'ai essayé de travailler la question du "retournement de veste", ou en tout cas des chemins que peuvent prendre les uns et les autres. J'ai aussi tenté de cerner les nouvelles formes de censure qui se mettent en place dans les grands médias, à travers cette histoire entre Bourdieu et Schneidermann, tout en essayant de la dépasser. Parce que la démonstration - si démonstration il y a - c'est encore, comme dans Pas vu pas pris, une démonstration "a fortiori", c'est-à-dire que si quelqu'un comme Schneidermann se comporte ainsi, ne parlons même pas des autres !…