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L'Oeil électrique #13 | Société / Michel Steiner

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Photos : David Balicki.

Docteur en Psychologie et en Sciences Sociales, Michel Steiner est aujourd'hui psychanalyste de profession. En 1998, il fait une entrée remarquée dans le monde du polar grâce à Mainmorte, un premier roman caractérisé par sa construction ludique et vertigineuse. Il confirme son talent l'année suivante en publiant Petites morts dans un hôpital psychiatrique de campagne, dans lequel il dévoile la thérapeutique asilaire du dix-neuvième siècle. Dès lors, le ton n'est plus le même, c'est la colère qui fait courir sa main sur le papier. Non pas pour ruminer les erreurs du passé, mais plutôt pour en cibler les résurgences actuelles. En développant de virulents propos antipsychiatriques, il apporte un éclairage singulier à une zone obscure de la médecine… qui n'est toujours pas enseignée à l'université.

Qu'est-ce qui vous a motivé pour traiter votre sujet sous la forme d'un polar ?
Petites morts dans un hôpital psychiatrique de campagne est un texte antipsychiatrique. C'est une fiction mais toutes les références qui y sont rapportées sont vraies. C'est une sorte de roman historique. Mais les fous que l'on enferme, ça n'intéresse plus personne aujourd'hui. J'ai pensé que si je rédigeais un livre technique, personne ne l'aurait lu et aucun éditeur ne l'aurait pris. J'ai donc préféré écrire un roman noir. L'avantage quand on le rédige, c'est qu'on le fait en position subjective. Il y a toujours un personnage que l'auteur fait parler à la première personne, et il est clair que c'est avec lui qu'il s'identifie. Dans les textes scientifiques on emploie toujours un impersonnel, un "on". On fait partie d'un groupe de savants et on amène sa petite pierre en surajoutant à un savoir qui est déjà constitué. Le "je" n'est pas de mise sauf quand l'auteur doute d'une de ses affirmations et dit : "Je ne suis pas convaincu que..." Dans le roman noir, tout est possible. L'auteur met en scène des choses qu'il aime, dont il se nourrit, ainsi que des choses qu'il hait et qu'il assassine. Dans un livre, il est rare qu'un auteur fasse mourir des gens qu'il n'a pas envie de voir mourir. Tout se construit comme dans un rêve. Il y a une satisfaction hallucinatoire qui fonctionne sur deux registres : on aime ce que l'on aime et on en jouit, on fait disparaître ce que l'on hait et on en jouit. La palette est complète. Un des grands moteurs du polar, bien avant l'amour, c'est la haine. Il est évident qu'on ne peut pas écrire de romans noirs sans haïr quelque chose…

Comment abordez-vous le processus de l'écriture. Un travail de documentation vous est-il nécessaire ?
Je me laisse aller, je n'ai pas de plan. J'écris en une fois, cela prend plusieurs mois, et comme tous les gens dont ce n'est pas le métier, je fais un important travail de relecture. En ce qui concerne les références, je les avais au départ puisque j'ai enseigné l'histoire de la thérapeutique asilaire lors de séminaires il y a une vingtaine d'années. L'idée de départ, c'est que Charcot (médecin français, 1825-1893. Ses recherches sur l'hystérie et sur l'hypnose ont influencé Freud), malgré ses références scientifiques, était un bien plus mauvais observateur que les inquisiteurs du quinzième siècle. S'agissant de l'hystérie, Charcot me semblait être un inquisiteur idiot, doté de la même férocité que les autres pour faire avouer les désirs coupables. Afin de savoir si une femme était possédée, les inquisiteurs la piquaient avec des aiguilles et les zones d'insensibilité étaient la preuve de présences diaboliques. Charcot faisait la même chose. Il piquait différents endroits sur le corps des hystériques pour cartographier les zones d'hypersensibilité et d'insensibilité. Mais en même temps qu'il niait l'étiologie sexuelle de l'hystérie, c'est-à-dire les causes, chaque fois qu'il s'agissait d'en soigner une, il allait voir dans la sphère génitale. Pour ce faire, il a inventé les compresseurs ovariens à vis, les températures vaginales, les fumigations…

Vous avez demandé à Bernard de Fréminville d'écrire la postface de votre roman. Qu'avez-vous découvert dans son livre qui vous ait éloigné de la pratique psychiatrique ?
Bernard de Fréminville est un médecin psychiatre qui a exercé dans les années 70. Il a écrit sa thèse sur l'histoire de la thérapeutique et en a fait par la suite un livre d'histoire : La raison du plus fort, traiter ou maltraiter les fous ? Il y recense tout ce que les fous ont pu subir en guise de traitements. En fait, ils ont toujours eu partie liée avec la douleur et la terreur. Je lui ai demandé d'écrire la postface de Petites morts… parce que son livre m'a bouleversé. J'y ai découvert que l'on posait des sangsues sur le col de l'utérus des hystériques, que l'on castrait les déments qui se masturbaient, que l'on pratiquait sans arrêt l'ablation du "nerf honteux", c'est-à-dire l'excision. D'où viennent les électrochocs par exemple ? Un jour, un psychiatre italien est entré dans un abattoir porcin. Pour que les bêtes ne s'agitent pas trop quand on les saignait, les bouchers leur passaient un courant électrique derrière les oreilles pour les mettre KO. Ils pouvaient égorger la bête sans qu'elle souffre et sans qu'elle perde trop de sang, ce qui permettait un meilleur rendement au niveau du boudin. En voyant cette scène le type s'est dit : "Tiens, pourquoi ne pas essayer sur mes malades !" L'histoire de la psychiatrie, ce n'est rien d'autre… Tiens, un médecin a fait une erreur, il a donné 50 fois la dose d'un produit qui s'appelle du Largatil à une personne qui avait le mal de mer. Voilà l'arrivée du premier neuroleptique. Les nouvelles thérapeutiques émergent toujours accidentellement et ont en commun d'être centrées autour d'un dérapage violent.

Qu'est-ce que le mouvement antipsychiatrique ?
C'était un mouvement qui, dans les années 70 jusqu'à 80, a dénoncé, parfois avec beaucoup de virulence, la vie asilaire. Il était composé de psychiatres, de psychologues, de psychanalystes, d'infirmiers, qui considéraient que l'institution psychiatrique était d'une violence inouïe et que sous couvert du traitement de la folie, on maltraitait les malades. Les neuroleptiques qui leur étaient administrés soignaient l'institution en rétablissant le calme à l'intérieur, plus qu'ils ne guérissaient les fous. Des personnes comme Leng, David Cooper, ou Bernard de Fréminville avec son livre ont eu une certaine influence. D'ailleurs, après cette parution, il a rendu son tablier de psychiatre pour se tourner vers les métiers de l'édition. Mais on n'a pas été très nombreux à faire cela. Je vais vous faire part de la plus belle métaphore que j'ai entendue : Un jour, j'assistais à un congrès où il y avait tout le fleuron de la psychiatrie la plus réactionnaire, la plus médicamenteuse que l'on puisse imaginer. Dans le lot, il y avait un psychiatre que je connaissais parce qu'il avait une activité de psychanalyste. Il s'est dirigé vers la tribune. Je me demandais ce qu'il allait faire, comme les autres d'ailleurs, car c'était vraiment le mouton noir de ce congrès. Il a pris la parole en disant : "J'ai donné du Cogécinq à 100 de mes malades ("Cogécinq" est un jeu de mots sur une molécule qui est facile à retrouver. L'auteur l'utilise dans son livre pour ne pas incriminer un médicament en particulier au détriment de nombreux autres), j'ai eu 100 bons résultats." Stupéfaction générale, tout le monde s'attendait à ce qu'il dégueule sur le médicament. Il laisse passer un petit moment et ajoute : "Hélas." Cela montre la fracture. Pour qui est le bon résultat ? Si demain nous devions nous occuper vous et moi d'un service hospitalier, d'un de ces dépotoirs où les gens sont complètement déstructurés, la tentation serait grande d'utiliser ce produit pour avoir la paix rapidement. Mais il ne faudrait pas douter qu'on le fait dans leur intérêt, avec tout ce qu'il faut d'enjolivures à notre propre usage. Ces produits sont des machines à broyer et il va de soi que les fous ne le sont pas moins lorsqu'ils les ont pris. La folie c'est d'enfermer les fous avec la volonté de les guérir.

La psychiatrie moderne s'est-elle développée uniquement sur les thérapies de choc du dix-neuvième ou a-t-elle eu d'autres influences ?
Je ne considère pas qu'elle ait eu d'autres influences, même avec l'arrivée des neuroleptiques. Ces produits, pour ceux qu'on dit antipsychotiques, sont d'une violence incroyable. Quelques heures après leur absorption, la folie que l'on soupçonnait devient visible en modifiant le schéma corporel du malade de façon diabolique. On a affaire à des quasimodos avec des corps distordus, dont les yeux plafonnent. Au moment où ces substances sont apparues, certains pensaient que les résultats positifs que l'on en tirait venaient de leurs effets castrateurs et de la terreur qu'ils généraient. Il faut savoir qu'avec ces produits les hommes ne bandent plus. C'est quand même un discours extrêmement tordu parce que cela revient à dire que la conséquence principale du produit est dans ses effets secondaires. Voilà comment ressurgit dans la thérapeutique moderne la violence du passé. C'est toujours la même musique.

Quelle est la différence entre la psychiatrie, la psychologie, et la psychanalyse ?
La psychiatrie s'inscrit dans le discours médical. Les psychiatres sont avant tout des médecins qui médicalisent inévitablement la demande. Ils s'adressent à des malades et donc tous les troubles psychiques qui leur sont décrits trouvent une réponse dans un produit spécifique. Pour l'angoisse, il y a les anxiolytiques, pour la déprime les antidépresseurs… La psychologie est une matière universitaire. Son objet est la normalité, autrement dit une sorte de travail de comparaison entre les êtres. Elle étudie l'apprentissage, le rapport au symbolique des uns et des autres. Quant à la psychanalyse, elle n'a pas affaire à des malades mais à des patients. On n'apprend pas à devenir psychanalyste en université, mais en faisant un travail sur soi-même avec les patients que l'on est en train d'analyser. Son objet ce sont les formations de l'inconscient en rapport avec des concepts analytiques et l'histoire propre du sujet. L'analyste ne se préoccupe pas de la norme, il ne juge pas. Il peut donc se consacrer à l'étude de la subjectivité de l'autre sans aucune barrière. Dans ce cas, les deux parties peuvent se rencontrer et tendre vers un élargissement du champ de conscience.

Dans votre livre vous dites : "Si l'autorité compétente vous pense fou, vos symptômes sont ce que vous dites et la maladie ce que vous êtes." Cela signifie-t-il que la folie n'existe pas ?
Si, elle existe. Mais c'est un terme général qui englobe beaucoup de troubles du comportement et de l'esprit avec des degrés différents. Pour les analystes, les fous sont des gens qui ont eu d'énormes difficultés à se représenter, à s'articuler dans un phénomène qui est extérieur à eux : le langage. Ils n'y sont pas entrés comme les autres. Quand ils disent "je", ce n'est pas eux. Ils le prononcent comme un perroquet. C'est une forme de folie. Quand un bébé naît, il n'a pas encore la parole, il va l'acquérir au fil du temps. Au moment où ce petit bonhomme doit se représenter dans le langage, où il se voit dans un miroir, où il découvre que son corps et celui de sa mère, ce n'est pas la même chose, il y a des accidents. Il y a donc des étapes successives qui vont lui faire prendre un peu de distance par rapport à tout cela. Il n'y a rien d'extraordinaire à imaginer que dans cette genèse, il y ait des dérapages. La psychiatrie, quand elle rencontre ces accidentés, leur répond à coups de molécules. Evidemment, il y a une différence entre le monde de la folie et celui du mal-être. Mais pour répondre au mal-être, les mêmes moyens sont employés, et pas seulement par les psychiatres. Dans les bars, on vend une molécule, par exemple Pernod-Ricard, avec laquelle les gens s'auto-médicamentent en trouvant la dose qui leur convient pour l'état du moment. Avec un verre on se sent bien, avec deux on se désinhibe, avec trois on dort toute la nuit. Les antipsychiatres ne dénoncent pas la notion de folie, mais celle de maladie mentale, car ils considèrent qu'elle n'existe pas. C'est une question de terminologie. La déraison est un phénomène d'ordre psychologique. Lorsque la sphère médicale se l'approprie, ses causes sont immédiatement associées à un problème biologique, sans tenir compte de l'inconscient. Elle devient alors une maladie, comme le rhume, qui trouve sa solution dans la médicamentation. Les psychiatres ont intérêt à ce que leur travail soit reconnu par la sphère médicale parce que dans ce cas, ils sont des médecins et les fous sont des malades. Leur fonction est justifiée. Il faut bien reconnaître que la psychiatrie est la seule discipline où le désir de guérir est d'abord celui du médecin. On a rarement vu un paranoïaque par exemple qui prétendait avoir besoin d'être soigné. Il peut être hospitalisé s'il commet des délits, mais il n'est jamais demandeur. Si le malade ne veut pas prendre ses médicaments, ses quinze séances d'électrochocs, ou s'il dit : "Je ne suis pas fou", le médecin lui fera prendre son traitement de force. Il n'a plus son mot à dire.

Si les dérangements de l'esprit sont des avatars du désir et de l'oralité, il y a risque de manipulation…
C'est vrai que par le langage, on peut manipuler des êtres. Au dix-neuvième, les bien-pensants envoyaient des mômes dans les mines pour s'enrichir. Il fallait effectivement être aliéné quelque part dans le langage pour supporter une résignation aussi terrible. Il aurait été impossible de prendre un chimpanzé pour l'envoyer travailler 7 jours sur 7, 14 heures d'affilée. Mais il ne faut pas oublier que ceux qui manipulent par le langage sont aussi victimes de leurs tromperies. Tous ces psychiatres du dix-neuvième, vingtième siècle sont des gens qui posent un regard précis, scientifique. Leurs observations sont bonnes. Par contre ce qui est faux, c'est leurs théories. Ils ne savent rien de l'étiologie de la folie, il ne savent pas comment elle vient. Pendant très longtemps, Charcot voulait que ce soit une dégénérescence cérébrale. Ensuite il y a eu ceux qui pensaient que c'était microbien, surtout avec le troisième stade de la syphilis. Aujourd'hui on parle de biochimie du cerveau, bientôt on dira que c'est au niveau de l'ADN que ça se passe. Régulièrement, vous avez un zigoto qui déclare avoir découvert le gène de la schizophrénie ou celui qui rend violent. Dans peu de temps, il y aura le gène de l'état amoureux. Tout cela ne tient pas. Chaque fois que l'on cherche en direction de la biologie, on trouve une solution. Ce qui est intéressant, c'est de se demander pourquoi toute une partie de la recherche tient à ce que la déraison soit d'origine biochimique ? Tout simplement parce qu'elle ne veut pas entendre parler de l'inconscient. Avant la découverte de la maladie de Parkinson, on attribuait ses symptômes à la débilité. Depuis qu'elle a été identifiée comme une défaillance cérébrale, les neurobiologistes peuvent travailler à la recherche d'une substance pour la soigner. Que les médicaments aient une utilité, je ne le nie pas. Les somnifères font de l'effet aux insomniaques. Les médicaments peuvent soigner les troubles du cerveau, mais pas ceux de l'inconscient.

Aujourd'hui le développement des neuroleptiques n'est-il pas aussi un moyen de répression sociale ou de contrôle de certains types de populations déviantes ?
A la manière dont vous posez la question, je vais faire l'économie de la réponse. Vous avez la même que moi.

Selon vous, l'industrie pharmaceutique et le système libéral sont impliqués dans le développement effréné d'une thérapie chimique remédiant à tous les maux…
Quand les premiers neuroleptiques sont sortis, ç'a été une grande victoire pour les laboratoires. Ils les appelaient des antipsychotiques. Peu de temps après, ils se sont aperçus qu'ils n'étaient pas plus antipsychotiques que ma chaussure gauche. Pourtant ils n'ont pas retiré ces médicaments du commerce. Ils ont changé les vocables et avec la construction langagière, c'est devenu des sédatifs, des désinhibiteurs… Les noms se sont compliqués à plaisir. Il y a une sémantique au service du mensonge qui s'est développée pour s'inscrire dans un circuit économique bien réglé, qui se termine à la pharmacie. Il y a une espèce de synergie avec les psychiatres. Si ces derniers veulent que leur "art" reste au sein de la médecine, il leur faut des médicaments. Il n'y a pas de médecine sans médicaments. Donc les laboratoires profitent des psychiatres qui évidemment ont le désir d'être abusés. Tout comme les patients d'ailleurs. Beaucoup de gens n'ont pas envie de savoir que leurs angoisses viennent de telles problématiques personnelles, qui ont à voir avec le deuil, la perte, l'amour… Des choses de la vie en fait. Celui qui va consulter un psychiatre et qui repart avec un médicament lui adresse son propre discours de manière inversée. Il va dire : "Je suis déprimé," alors qu'il aurait pu dire : "Je suis triste," par exemple. Sauf qu'il n'y a pas de médicament anti-tristesse. Au fond, que recherchent ces types de patients ? Que l'on s'occupe d'eux, qu'on les écoute. Peut-être qu'un jour, tous les exclus, ceux qui n'ont pas de travail ou pas d'argent, on estimera que leur mal-être peut se soulager par un antidépresseur puissant !

Bibliographie
Mainmorte (Baleine)
Petites morts dans un hôpital psychiatrique de campagne (Baleine)
Rachel, la dame de carreau ( roman noir sur le jeu - Editions Lignes noires)