REVUES / LA HULOTTE, BILE NOIRE

Par Morvandiau, Norac.

LA HULOTTE
N° 77, 52 pages, couverture couleur, intérieur noir et blanc, "irrégulomadaire" (environ 2 numéros par an), sur abonnement pour six numéros : 90 francs La Hulotte, 08240 Boult-aux-Bois - Tél. : 03 24 30 01 30 - www.lahulotte.fr (juste une petite présentation)
Depuis 28 ans, ce canard raconte en détail la vie des animaux, des fleurs, et des arbres… Pierre Déom, le rédacteur-dessinateur-metteur en page réussit, avec humour, à nous captiver sur l'hibernation des chauves-souris, la confection des toiles d'araignées et autres grèbes huppés… et ça n'a pas l'air comme ça, mais c'est passionnant. Ce journal se base sur une sérieuse documentation scientifique, la rend d'accès public et surtout signifiante. Pédagogique sans être académique, on redécouvre la nature en toute simplicité. La Hulotte n'est ni un objet branché, ni un truc philosophico-intello-prise-de-tête. Indépendant, hors de toute sphère économico-politico-publicitaire, ne marchant que par le bouche à oreilles, il réunit néanmoins plus de 150 000 fidèles attendant avec impatience le prochain numéro… Bref, des fous dont Pierre Déom est le gourou. Une secte vouant un culte aux insectes, volatiles et autres feuilles mortes. Un danger public pour tous ceux qui veulent un monde propre et lisse, sans animaux nuisibles et plantes sauvages. Une mauvaise graine qui fait son nid dans les esprits. Raisons de plus pour s'abonner.
Graphisme- Entièrement illustrées, les pages se suivent et ne se ressemblent pas, jonglant habilement entre textes, bandes dessinées et planches à la plumes dignes d'une encyclopédie.
Dans ce numéro - La vie du hérisson ne manque pas de piquant : pendant l'hiver il doit se réveiller au moins une fois par semaine sous peine de mort, à la moindre alerte il se roule en boule, dressant ses 7000 épines dans tous les sens, mais cela ne suffit pas contre les voitures (sur les routes Suisses on compte chaque année un hérisson mort tous les trois cents mètres). Plus gai : description de l'endroit idéal pour y accueillir une famille, et un questionnaire pour tester votre jardin, fiche pratique pour lui construire un abri en moins de deux et la carte de France de ses 150 petits noms : ricciu caninu en Corse, lapin espinos en Gironde, pourképi dans le Nord, avalaouer en Bretagne…

BILE NOIRE
N° 8, 64 pages, couverture bichromie, intérieur noir et blanc, dos carré-collé, quadrimestriel, 67 francs en librairies spécialisées (diffusé par le comptoir des indépendants) ; abonnement un an, trois numéros : 45 francs suisses (environ 180 FRF) Atrabile, Case Postale 30, 1211 Genève 21 Suisse - Tél./Fax : (00) 4122 741 24 59 - E-mail : info@atrabile.org - Web : www.atrabile.org
Le quatrième de couverture de cette revue suisse de bande dessinée rappelle que l'atrabile (du nom de l'éditeur) n'est autre qu'une "bile noire qui passait pour causer la mélancolie". Viennent à la suite de cette définition, et selon les numéros, des citations aussi diverses que variées des écrivains Vincent Ravalec, Raymond Queneau ou Richard Brautigan ("Qu'est-ce qu'il y a de mal à aimer la moutarde ? Vaut mieux ça que de s'intéresser aux petites filles de six ans."). Bile Noire s'amuse donc en noir et blanc de la noirceur du monde. Les auteurs qu'elle regroupe sont liés par un graphisme contrasté, sans les couleurs pastels qu'on donne en pâture aux enfants, au service d'histoires très différentes où pointe fréquemment l'humour : récits de voyages, chroniques quotidiennes, inventaires, fictions grinçantes ou légères… Tout en perdurant dans le temps (plus de deux ans d'existence si je ne m'abuse), la publication collective d'Atrabile a gagné en cohérence au sein de la diversité des pages qu'elle propose au lecteur : un noyau dur persévère, présent à (presque) chacun des numéros, rejoint de temps en temps par d'autres traits. A la fois de qualité et "de bon aloi" (dixit un court édito pas chiant et instructif), le "copinage" éditorial de Bile Noire donne à lire des récits uniques ou à épisodes quasi-autonomes.
Graphisme - Il est sobre, percutant sans être publicitaire. Tout en respectant la règle du noir et blanc, certains cahiers de la revue sont, à la différence de l'ensemble en papier glacé blanc, à fond noir ou en papier blanc cassé sans vernis.
Dans ce numéro - 12 auteurs parmi lesquels Xavier Robel et son héros qui transpire, Andréas Kündig en double page autodérisoire, Isabelle Pralong et son sens du rapport humain, Witko et un inventaire féminin, Frédérik Peteers et la poisse ou encore Wazem à Sarajevo…