Par Sophie Rétif. LA VACHE QUI LIT "Nous n'avons d'autre choix que le noir."
En exergue sur la couverture, surplombant le dessin d'une vache à lunettes noires, cette citation de Victor Hugo pourrait laisser croire que La Vache qui lit est un fanzine pour dépressifs. Au contraire, cette revue des fans du roman noir a choisi de promouvoir assez joyeusement la littérature populaire et plus particulièrement le polar, défini selon l'expression de Jean-Bernard Pouy comme "roman de la douleur du monde". Créée en 1996 à Limoges, La Vache qui lit est avant tout le support écrit de l'association du même nom, qui se charge d'organiser autour de la ville des clubs de lecture et des rencontres avec des auteurs. Une partie importante du contenu est donc consacrée aux comptes-rendus de ces rencontres : on peut y lire notamment un entretien très intéressant avec Pouy, ainsi qu'une retranscription d'un club de lecture consacré au polar historique. On y trouve également de nombreuses chroniques de polars, et des interviews d'auteurs locaux. La qualité est assez inégale selon les numéros, car elle est liée en grande partie à l'actualité de l'association : un entretien avec Claude Mesplède n'a pas le même intérêt qu'un compte-rendu du club de lecture, même si le travail réalisé au sein de ce club est relativement pointu et intéressant. Cependant on ne peut pas en tenir rigueur au rédacteur en chef Serge Vacher, qui réalise parfois tout seul un travail considérable pour populariser le roman noir et sortir la littérature des cercles culturels où elle se trouve souvent confinée. L'équipe de rédaction de La Vache évite le langage de spécialistes et les références obscures, et cherche plutôt à communiquer son enthousiasme. |