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L'Oeil électrique #20 | Action / Survival: Pour les peuples indigènes

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+ Survival: Pour les peuples indigènes

Par Stéphane Corcoral.

Qu'est-ce que Survival International ?
Une organisation mondiale de soutien aux peuples indigènes. Elle défend leur volonté de décider de leur propre avenir et les aide à garantir leur vie, leurs terres et leurs droits fondamentaux. Survival est présente dans plus de 75 pays et réunit plus de 25 000 membres. Elle est dotée du statut de consultant auprès des Nations Unies, de l'Union européenne et de l'Organisation internationale du Travail, et entretient des relations avec l'Unesco. La section française, fondée en 1978, est régie par la loi de 1901.

Quelle est l'origine de la création de Survival ?
A la fin des années 60, au Brésil, le service officiel chargé de la protection des Indiens (SPI) était impliqué dans une série d'exactions commises à leur encontre. En 1967, la publication d'un rapport d'enquête a montré l'ampleur des actions criminelles dont étaient victimes les Indiens du Brésil. Les 5000 pages du document constituaient un catalogue d'atrocités : meurtres de masse, torture, guerre bactériologique, esclavage, abus sexuels, vols, manque de soins... La variole avait été inoculée aux Indiens Pataxo, les Tapayùna avaient été empoisonnés à l'arsenic et à un insecticide, les propriétaires terriens donnaient de l'alcool aux Maxacali et les faisaient ensuite abattre par leurs tireurs. L'auteur du rapport comparait les souffrances des Indiens à celles infligées dans les camps de concentration nazis et concluait que 80 tribus avaient complètement disparu.
L'enquête judiciaire lancée à la suite du rapport conduisit à inculper 134 fonctionnaires de plus de 1000 crimes. 38 furent révoqués, pas un n'alla en prison. Le rapport n'a jamais été rendu public, et plusieurs années après sa publication, il a brûlé dans un mystérieux incendie. Il avait cependant suscité des clameurs d'indignation qui se sont répercutées dans le monde entier. Le Sunday Times envoya l'écrivain Norman Lewis mener une enquête, et son article "Genocide" provoqua à Londres en 1969 la fondation de Survival International par un groupe d'anthropologues et d'écrivains.

Qu'entendez-vous par "peuples indigènes" ?
Les peuples indigènes représentent aujourd'hui environ 300 millions d'êtres humains répartis sur tous les continents. Englobés dans des Etats dont ils ne sont dans la plupart des cas pas partie prenante, ces peuples minoritaires qui ont préservé leur propre organisation sociale, sont marginalisés politiquement, économiquement et culturellement. Leur différence linguistique et culturelle, et la taille réduite de leurs populations mettent ces peuples à la merci des Etats nationaux dont la juridiction englobe leurs territoires en leur niant tout accès aux décisions qui affectent leur avenir. Les exemples ne manquent pas : la situation des peuples du Grand Nord sibérien est catastrophique (répression culturelle et graves atteintes à l'environnement avec l'exploitation extrêmement polluante du sous-sol pour le gaz et le pétrole) ; au Guyana, les Indiens Carib de la région de Baramita assistent au partage de leurs terres par des compagnies minières ; à l'ouest des Etats-Unis, les terres des Indiens Shoshone sont utilisées illégalement pour les tests nucléaires ; aux Philippines, les compagnies minières internationales font pression sur le gouvernement pour qu'il accélère l'approbation de leurs droits d'exploitation, menaçant un grand nombre d'indigènes ; au Canada, les Indiens Cree de la Baie James luttent depuis 20 ans contre l'engloutissement d'une grande partie de leurs terres pour la production hydroélectrique...

Quelles sont vos principales actions ?
Des campagnes internationales de soutien, généralement en faveur de la reconnaissance des droits territoriaux, car le territoire représente une condition fondamentale de l'existence de ces peuples. Survival se fait l'écho des revendications des organisations indigènes et assure les intérêts de ces peuples (lorsqu'ils ne peuvent le faire eux-mêmes) auprès des institutions dont les décisions peuvent affecter leur avenir. De façon générale, Survival promeut toute activité visant à éliminer les formes d'oppression et de discrimination.
Pour atteindre ces objectifs, Survival mène ses activités selon deux axes fondamentaux :
- le recueil d'informations sur les régions du monde où la survie et les droits des peuples indigènes sont menacés ; la diffusion de ces informations est assurée par des Bulletins d'action urgente alertant l'opinion publique internationale sur des cas précis.
- la recherche de financement pour favoriser l'implantation de programmes d'assistance (médicale, économique, éducative, politique...) sur le terrain.

Comment décririez-vous l'efficacité de votre travail ?
Dans de nombreux cas, les campagnes menées par Survival aboutissent à des prises de décision favorables aux intérêts de peuples indigènes. Quelques exemples récents : suite à la campagne en faveur des Indiens Wichi de la province de Salta en Argentine, les autorités ont finalement cédé en offrant des titres de propriété à plusieurs communautés indiennes. Au Pérou, une campagne de longue haleine pour la préservation d'une région où la compagnie pétrolière Mobil avait prospecté sans contacter les nombreux Indiens qui y vivent, a contraint le gouvernement péruvien à créer une zone protégée de 5 millions d'hectares afin de prévenir toute activité minière et de colonisation. En Colombie, les Indiens Embera-Katio n'avaient reçu aucune compensation après que leur terre eut été inondée en 1992 suite à la construction d'un barrage. La campagne de protestation de Survival, relayée par de nombreuses ONG a porté ses fruits puisque les Indiens ont obtenu un territoire voisin et des compensations financières. Au Brésil : un jugement historique a récemment accordé aux Indiens Wayapi de l'Etat de l'Amapa le droit d'exploiter une mine à ciel ouvert située sur leur territoire, une mine qui, depuis les années 1970 était exploitée par des étrangers. De plus, ce jugement marque un important précédent pour les droits indigènes au Brésil. En Ouganda, 7 Pygmées Mbuti de la vallée de Semliki, accusés de soutenir une organisation rebelle, avaient été emprisonnés sans jugement. A la suite des protestations de Survival, ils ont été récemment libérés et viennent de créer une association pour défendre leurs droits...
En dehors des campagnes menées via les Bulletins d'action urgente, l'organisation, en collaboration étroite avec des organisations indigènes, intervient directement, en s'adressant aux instances ou autorités responsables des mesures ou projets qui les affectent, en alertant la presse locale et internationale.

Quelles sont les principales difficultés que vous rencontrez dans votre action ?
La réticence de certains gouvernements à reconnaître les droits fondamentaux des peuples qui étaient autrefois souverains.

Qui sont vos adhérents ?
Des gens comme vous et moi, concernés par les droits de l'Homme et les libertés fondamentales s'appliquant bien entendu à ces peuples qui ont su maintenir un équilibre avec leur environnement. De nombreuses personnalités conscientes de l'enjeu que représente la survie des peuples indigènes soutiennent activement notre organisation : le professeur Claude Lévi-Strauss, l'écrivain Jean-Marie G. Le Clézio, le sociologue Edgar Morin, le cinéaste Raymond Depardon, Bernard Kouchner ou le cosmonaute Serguei Krikalev...

Comment financez-vous votre action ?
La condition de notre totale liberté d'action et de notre indépendance est de refuser tout financement de gouvernements nationaux. Survival est entièrement financée par ses membres et ses donateurs.

Comment faites-vous connaître votre travail ?
Par nos campagnes de presse et nos publications. En France, en dehors des Bulletins d'action urgente, l'organisation publie le journal trimestriel Les Nouvelles de Survival, et la revue semestrielle Ethnie - Droits de l'Homme et peuples autochtones.

Comment peut-on vous soutenir ?
En devenant membre ou donateur de notre organisation, afin de financer nos campagnes menées en faveur des peuples indigènes ou en participant activement en écrivant des lettres de protestation aux responsables concernés.

Contact
Survival International (France)
45, rue du Faubourg du Temple
75010 Paris
Tél. : 01 42 41 47 62 - Fax : 01 42 45 34 51
survival@wcube.fr
http://survival.wcube.fr