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L'Oeil électrique #22 | C’est beau la vie / Les ravages de l’alcool

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Par Stéphane Corcoral, Tanitoc.
Illustrations : Magali Arnal, Morvandiau.
Maquette : Sébastien Houde.

"On n'est pas saoul tant qu'on peut rester allongé sans s'accrocher."
Dean Martin

LES FAITS

La plus vieille boisson alcoolisée est la bière, qui a probablement été élaborée dès que l'homme a maîtrisé l'agriculture. Il est avéré que de la bière était produite en Mésopotamie il y a environ 8000 ans.

Dans l'Antiquité, les Assyriens débattaient deux fois des questions importantes : une fois alors qu'ils étaient sobres, et une fois en état d'ivresse.

La concentration maximum possible d'un alcool est de 97,5 %. Au-delà, l'humidité est absorbée et le liquide s'évapore.

Dipsomanie : compulsion à consommer des boissons alcooliques de manière excessive.

Méthyphobie : peur de l'alcool.

Record du monde de distance parcourue par un bouchon de champagne à l'ouverture : 54,18 mètres.

Décès attribués à l'alcoolisme : le hit-parade des cinq meilleurs départements (taux pour 100 000 habitants) - Morbihan 43,1 ; Finistère 42,7 ; Nord 41,7 ; Pas-de-Calais 40,5 ; Côtes-d'Armor 38,8.

Quelques exemples de décès attribuables à l'alcool : tumeurs malignes des voies aérodigestives supérieures (80 %) ; suicides (75 %) ; homicides (50 %). Accidents de la circulation (30 %).

Le fait d'être "saoul comme un Polonais" se traduit en Pologne par "pijany jak moskal" (saoul comme un Moscovite), en Espagne par "borracho como un marinero inglès" (comme un marin anglais) et en anglais au choix "like an irishman" ou "like a scotsman". Ces jeux linguistiques tendent à dériver vers le Nord ; ainsi, les plus nordiques des Européens, les Finlandais, trouvent des buveurs encore plus redoutables lorsqu'ils parlent d'être "Kanissa Kvin lappalaiven" (saoul comme un Lapon).

30 MILLIONS D'AMIS

Si vous n'avez pas d'amis mais que vous souhaitez malgré tout aller prendre un verre sans vous retrouver seul, vous pouvez toujours vous faire accompagner par un animal. Mais attention, soyez prudent lors du choix de votre nouveau compagnon de beuverie, car toutes les bêtes ne présentent pas le même degré de tolérance. Ainsi, si le dauphin encaisse sans broncher 32 verres de porto et l'élan 42 gins-&-tonics, le pingouin s'écroulera après 3 doubles whiskies et le castor après seulement 4 verres de cidre. C'est toujours mieux que le lapin, qui déclare forfait au bout d'une demi cannette de bière. Il faudra par contre 800 à 900 demis pour faire rouler l'éléphant sous la table : c'est le champion terrestre toutes catégories. A l'autre bout de l'échelle - on l'excusera pour sa taille - la mouche ne survit que 20 minutes dans une éprouvette remplie de vapeurs d'éthanol.

L'ALCOOL, MOTEUR DE L'HISTOIRE

La pendaison du capitaine Kidd (1701) - Cette exécution publique fut un véritable fiasco. Alors que la foule chantait des chansons en l'honneur du pirate, le bourreau, totalement ivre, tentait de pendre Kidd, qui était lui-même si éméché qu'il se tenait à peine debout. Il fallut s'y reprendre à deux fois, la corde ayant cédé à la première tentative. Le shérif responsable de l'exécution fut ensuite violemment critiqué pour l'échec de cet événement.
L'assassinat du président Lincoln (1865) - John Wilkes Booth commença à boire à 3 heures de l'après-midi, écumant diverses tavernes de Washington. A 21h30, il était encore en train de boire du whisky au saloon Taltavul avec le valet, le cocher et le garde du corps de Lincoln. A 22h15, alors que les trois autres continuaient de boire, Booth prit son congé et s'en alla assassiner le président.
La troisième bataille de l'Aisne (1918) - En mai 1918, à deux doigts de prendre Paris, les troupes du général allemand Erich Ludendorff envahirent la Champagne, à quelques dizaines de kilomètres à peine de la capitale. Mais ses hommes avaient subi de si importantes privations qu'ils se mirent à piller les caves à vin de la région. L'état d'ébriété généralisé et les gueules de bois qui s'ensuivirent furent tels que la progression des Allemands en fut considérablement ralentie, de sorte que les Français et les Américains ont pu disposer de plus de temps pour se regrouper, stopper l'offensive de Ludendorff, et ruiner la dernière chance de l'Allemagne de gagner la Première Guerre Mondiale.

ALLEZ, VIENS TE BATTRE !

Tout le monde se comporte de manière plus ou moins ridicule sous l'emprise de l'alcool, mais ces quelques individus remportent le pompon.

Lors d'une session de vodka dans les environs de Varsovie, Greg Luzinski et Lubien Kujawsi décidèrent de jouer à un jeu un peu particulier. Luzinski laissa tout d'abord son copain lui couper un orteil à la hache. Se sentant coupable, ce denier proposa à son compagnon de lui couper la tête - ce qu'il fit.

Philip Pyne, charpentier de son état en Grande-Bretagne, entamait une petite sieste sur un banc après avoir bu quelques verres. Mais ledit banc "était aussi agité qu'une mer déchaînée." Pyne décida donc de planter quelques clous pour fixer son bleu de travail au bois du banc afin d'éviter de tomber. Il en planta quelques-uns à travers ses jambes et la police le trouva ainsi, hurlant de douleur.

Le fait de tout oublier est relativement courant chez ceux qui dépassent un certain stade d'ébriété. Mais un couple de Los Angeles a sans doute battu le record en oubliant complètement ce qu'ils avaient pu bien faire de leur petite fille âgée de 8 mois. Elle fut finalement retrouvée, endormie sous une table du bar de leur quartier.

Lorsque le Néo-zélandais Koto Salaki a perdu connaissance après avoir trop bu, ses compagnons de beuverie n'ont sans doute pas été les premiers à penser qu'il était amusant de déshabiller un type ivre et de lui raser les sourcils. Mais n'obtenant aucune réaction, ils coupèrent l'oreille de Salaki pour la lui coller sur le front. Heureusement, les chirurgiens ont été en mesure de la remettre en place.

LA GOULE OUVERTE

C'est par l'intermédiaire du latin des alchimistes de la Renaissance que le mot arabe al kohol, qui signifie d'abord "antimoine pulvérisé", prend le sens de substance raffinée puis de liquide distillé, sous la forme d'alcool. La couperose, avant de décrire à cette même époque le faciès du pilier de taverne est, elle aussi, associée, dès la fin du treizième, à ce qu'on n'appelle pas encore la chimie. Cupri rosa désigne en effet en latin le "rose de cuivre", puis par extension divers autres sulfates : couperose verte (sulfate de fer), blanche (de zinc), etc. L'alambic, via l'arabe al anbiqu puis l'espagnol alambique, trouve son origine en grec avec ambix, "vase à distiller". On mettra à profit ce dernier pour faire avancer la science… et l'art de trinquer.
Un spiritueux (du latin spiritus, souffle) est littéralement "riche en esprits", c'est-à-dire qu'il contient une forte proportion d'alcool. Une poire pour la soif certes, mais une petite prune pour digérer un repas. Qu'est-ce que le whisky (ou whiskey, pour les Irlandais), sinon une eau-de-vie ? Voilà effectivement le sens du mot gaélique d'origine, uisge (eau) beatha (de vie). Il y a pléthore de mots argotiques et d'expressions imagées, popularisés par les chansons à boire, pour désigner les boissons alcoolisées, leur contenant (la "dive bouteille" chère à Rabelais) et leurs effets lorsque l'on a, cordial, bu tout son soûl. On retiendra "l'aller simple à Charenton", surnom donné à l'absinthe, "la fée verte", car ses amateurs finissaient souvent dans cet asile d'aliénés. Le latin bibere (boire) engendrera, vraisemblablement à partir du mot biberon (à l'origine, un "vase à goulot") le terme bibine, employé vers 1890 pour dénigrer une boisson, souvent de la bière bon marché. L'origine du mot anglo-américain cocktail est obscure, même s'il évoque lui aussi l'idée de médiocrité, un cocktailed horse étant un canasson auquel on a coupé la queue (tail) pour la redresser (to cock). A moins qu'il ne s'agisse d'une queue de coq. Au vin ?