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L'Oeil électrique #24 | Société / Figures maories

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Par Abdessamed Sahali, Anne-Sophie Boivin, Eric Magnen, Ivan Péault, Katell Chantreau, Sabine Hogrel.
Photos : Anne-Sophie Boivin.
Illustrations : Imius.

Août 2001

C'est l'hiver à Aotearoa et l'été à Douarnenez. Le festival de cinéma finistérien dédié aux minorités propose un voyage aux antipodes, à la rencontre des Maoris, peuple indigène de Nouvelle-Zélande. La Leçon de piano : déjà vue. La danse du haka exécutée par les All Blacks : rien de nouveau pour les aficionados du rugby. Certains avaient même déjà entendu parler du moko, ce tatouage facial qui ferait pâlir d'envie les bikers d'ici. Mais au-delà de ces images d'Epinal, c'est la plongée dans l'inconnu. Les Maoris ? C'est qui ?

Selon les récits mythiques, ce sont les descendants des sept waka (le mot waka signifiant à la fois "pirogue" et "clan") venus de la mystérieuse île de Hawaiki pour s'installer sur des terres jusque là inhabitées, qu'ils appelèrent Aotearoa, le pays du long nuage blanc. Ces Polynésiens, organisés en tribus selon des principes communautaires, développèrent des valeurs comme le mana (autorité, prestige, générosité), le utu (principe de vengeance et de juste rétribution), la guerre devenant, parallèlement à la raréfaction des terres et des moyens de subsistance, une activité centrale de leurs sociétés.

Le navigateur anglais James Cook découvre officiellement Aotearoa en 1769. En 1840, les Maoris, assez favorables à la présence blanche qui permet le développement d'activités commerciales, signent le Traité de Waitangi avec la Couronne. Problème : le traité propose deux versions contradictoires, l'une en maori rappelant la souveraineté du peuple indigène, et l'autre en anglais affirmant exactement le contraire ! Peu à peu, les terres maories sont morcelées par la propriété individuelle (alors que la propriété collective était au cœur de l'organisation tribale), et cédées ou vendues aux colons qui affluent. Désormais majoritaires, ceux-ci travaillent à la construction d'un nouveau pays, fondé sur la responsabilité et l'idéal égalitaire, devenant même le "laboratoire social du monde" avec une législation syndicale, sociale et agraire particulièrement progressiste, sans compter que la Nouvelle-Zélande est le premier pays au monde à reconnaître le droit de vote des femmes, en 1893. Ce n'est que depuis les années 80 que le modèle de l'Etat providence est sérieusement remis en cause.

Dépossédés de leurs terres et donc de leurs ressources économiques, les Maoris entrent dans une phase d'effacement : recul démographique, raréfaction des rapports avec les colons, pauvreté, acculturation. Mais dans les années 70, tandis que sur toute la planète de nombreux peuples indigènes prennent conscience de leur culture et de leurs droits, les Maoris commencent à faire entendre leur voix. Leurs revendications tournent autour de deux thèmes : les terres spoliées et la promotion de la culture maorie. La lutte porte ses fruits. Les Pakehas (Blancs descendants des colons) prennent conscience de l'injustice commise : le Tribunal de Waitangi est créé et étudie les plaintes pour confiscation de terres. Parallèlement, un militantisme linguistique actif et la reconnaissance officielle du maori par l'Etat (obtenue en 1987) permettent une certaine revitalisation de la langue. L'Etat affiche désormais son biculturalisme.

Malgré ces avancées, le peuple maori et la Nouvelle-Zélande n'ont pas fini de régler leurs problèmes. Le bouleversement démographique qui s'annonce (5 % de Maoris en 1900, 15 % aujourd'hui, métis compris, soit près de 600 000 personnes, et 28 % prévus pour 2040), laisse présager que la question de la cohabitation des différentes populations va se poser avec toujours plus d'acuité. Quelle solution pour le problème des terres, alors que certains préconisent le versement d'une somme fixe, pour solde de tout compte, et que les Maoris sont majoritairement contre ? Quelle cohabitation culturelle alors que le racisme Blancs/Maoris persiste et que les immigrés d'autres origines sont eux-mêmes victimes de discriminations ? Quelle cohésion au sein du peuple maori quand les divergences s'accroissent entre Maoris des villes et Maoris des champs ?

Deux acteurs du renouveau maori, le linguiste Joseph Te Rito et l'écrivaine Patricia Grace, nous donnent à goûter de la culture de leur peuple. Leurs témoignages montrent comment les Maoris, issus d'une culture essentiellement orale, utilisent des nouveaux médias pour faire avancer leur lutte et partager leur vision du monde. Comment promouvoir une culture minoritaire ? Quelle société et quel respect pour les différentes cultures ?…