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L'Oeil électrique #24 | Revues / 9/9

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Par Muriel Bernardin.

9/9, revue d'art pratique
N° 5, 104 pages, couleur, parution bi-annuelle, 10,55 euros en librairie 49, rue Berthe - 75 018 Paris - e-mail : revueneuf@aol.com

Une revue d'art pratique, c'est quoi ? Une revue facile à ranger et à amener en vacances ? Ou une revue qui vous rend la vie plus facile, vous aidant à faire le ménage, à réussir vos études, votre vie sentimentale, à trouver un travail ? Ce serait bien mais ce n'est pas le cas. 9/9 se désigne ainsi car elle est composée de travaux d'artistes qui se sont impliqués sur un thème de travail concret ; la création d'une ville dans le numéro précédent. C'est aussi de l'art pratique car les quatre premiers numéros de 9/9 invitaient le lecteur à réaliser, parfois un peu tout et n'importe quoi selon des modèles, des idées proposés par des artistes sur des fiches techniques. Le propos peut paraître parfois léger mais au bout du compte, les auteurs invitent par ces détournements, ces travaux, à une véritable réflexion sur le monde tel qu'il est. On est donc loin de la fabrication du calendrier de l'avent proposée par Astrapi à ses jeunes lecteurs. Enfin, 9/9, cette revue-objet interactive, en tant que collectif, organise aussi des soirées permettant de "prolonger les projets parus dans la revue et sur le CD".
Graphisme - Pour ce numéro, le format de la revue a diminué de moitié : un petit livret carré dans un étui en carton gris un peu triste. Chaque intervention d'artiste est mise en page par ses soins. Parfois, c'est un peu le fouillis, d'autant que la revue est bilingue (il faut alors trouver de la place pour le texte en anglais).
Dans ce numéro - Des artistes s'emparent du film quelque peu méconnu Le Scandale de Claude Chabrol sorti en 1967. Toutes les étapes de la création et du tournage sont reprises. Cela commence par des lettres au ton décalé demandant de l'argent à des producteurs, des photos de repérages sur la côte d'Azur, des portraits de comédiens éventuels, et un travail très drôle d'Héléna Villovitch pour rendre le scénario "plus attractif (visuellement) et plus utile (techniquement)" - on aboutit à un scénario sans texte, ni dialogues, ni indications. Chaque intervenant (vingt-deux pour la revue, quatorze pour l'excellent CD proposant une nouvelle BO du Scandale) prend le film par un petit bout, le triture selon ses désirs, ses envies. Alors parfois, le lecteur, trop rationnel, un peu crispé par ses lectures d'hebdomadaires nationaux traitant des prochaines présidentielles, peut avoir du mal à suivre, se demander : "Mais où on va ?" Ceci n'a aucune importance : des artistes s'approprient un matériau très riche (un Chabrol aux accents hitchcockiens) et proposent aux lecteurs de les suivre dans ce travail ludique, iconoclaste et sans forfanterie.