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L'Oeil électrique #25 | Portraits / Alain et Philippe Jalladeau

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Par Abdessamed Sahali, Eric Magnen.
Photos : Anne-Sophie Boivin.

Né de la frustration de voir un certain nombre de pays exclus du champ de la critique cinématographique occidentale, le festival des Trois Continents se consacre aux cinémas d'Asie, d'Afrique et d'Amérique latine depuis sa création en 1979 à Nantes par les frères Jalladeau. "On était un peu scandalisé, explique Philippe Jalladeau, que les endroits qui auraient dû montrer ces films, comme le festival de Cannes, les refusaient, ou alors les montraient dans des conditions particulièrement déplorables." Dès la première édition, consacrée au cinéma noir américain, ils marquent un grand coup : leur rétrospective est reprise par le département d'Etat américain à la culture. Depuis lors, ils ont fait découvrir en France de nombreux cinéastes venus d'horizons divers et aujourd'hui acclamés : le malien Souleymane Cissé, le taïwanais Hou Hsiao-hsien, l'iranien Abbas Kiarostami, le hongkongais Wong kar-wai, etc. Avec toujours un parti pris bien clair à l'esprit : "Pour nous un réalisateur mongol est aussi important qu'un réalisateur américain." Et une petite pointe de fierté : "On n'a pas attendu le succès d'In The Mood For Love pour montrer le premier film de Wong kar-wai !"
Si le festival ne dure qu'une semaine, c'est toutefois un long travail de prospection qui leur permet d'offrir un plateau aussi relevé. Alain et Philippe Jalladeau parcourent ainsi chaque année la planète à la recherche du film rare. Le partage des tâches est de rigueur : Alain s'occupe de l'Asie jusqu'à l'Extrême-Orient tandis que Philippe prend en charge l'Amérique latine et le monde arabo-musulman. Comme les frères Jalladeau ont une conception haute de ce que doit être un festival, ils s'efforcent de proposer une large majorité de films inédits. "Il y a plein de festivals qui ne font que remplir des cases, s'anime Alain Jalladeau, vous avez des films qui n'arrêtent pas de circuler : c'est de l'exploitation déguisée, ça ! On n'est pas là pour montrer un film qui aurait déjà été vu dans quatre manifestations en France, on ne va pas non plus faire des avant-premières de films qui vont sortir dans 15 jours !" Certes obtenir les films n'est pas toujours chose aisée. Alain Jalladeau reconnaît qu'il faut parfois se résoudre à réduire ses ambitions sur une rétrospective, devant l'intransigeance de certains ayants-droits à prêter leurs films. "Il y a de plus en plus de difficultés pour faire des rétrospectives. Dans de nombreux pays, il n'y a pas de culture de l'archivage. Alors il suffit qu'un studio brûle et tout disparaît. Régulièrement on veut montrer des films qui n'ont même pas 20 ans et on se rend compte qu'il n'en reste plus rien ! Plus RIEN !" L'an dernier, en préparant une rétrospective sur le cinéma kirghize et kazakh ils ont découvert que ces films étaient totalement invisibles dans leurs propres pays d'origine ! Ils ont donc décidé, une fois le festival terminé, de retourner là-bas afin d'y montrer les films de la rétrospective, histoire de rendre aux spectateurs kirghizes et kazakhs ce cinéma qui est le leur et auquel ils n'avaient plus accès. Dans un même souci pédagogique, le festival s'est récemment doté d'un atelier d'écriture de scénario, destiné aux apprentis producteurs des pays du Tiers-Monde qui s'apprêtent à prendre en charge la production d'un projet d'un cinéaste local. "Souvent, explique Alain Jalladeau, les films que je vois sont refusés parce qu'ils sont faits à la va-vite et bâclés à tous les niveaux. Ce n'est pas avec des films pareils qu'ils peuvent espérer prendre des parts de marché sur le plan international..."
A les entendre défendre avec virulence leurs idées, on devine aisément qu'après plus de 30 ans d'activisme en cinéma, la passion est restée intacte. L'an prochain, le festival fêtera son premier quart de siècle...

Le site du festival : http://www.3continents.com