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L'Oeil électrique #25 | Bande dessinée / Robert Crumb

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Par Morvandiau, Stéphane Corcoral, Tanitoc.

Dessinateur génial, humoriste radical et (presque) désespéré, érotomane amusé et impénitent : tel peut apparaître Robert Crumb. Connus des lecteurs d'Actuel dès les années 70, son travail et sa personnalité, indissociablement liés, ont été révélés à un plus large public en 1998. Le film documentaire que lui consacre son ami Terry Zwigoff (1) est alors diffusé sur Arte. Entre hilarité et franc malaise, le spectateur peut y glaner quelques clefs de l'univers de l'artiste : éducation austère d'un père tyrannique et d'une mère sous amphétamines, fratrie (3 garçons, 2 filles) dominée par un frère aîné pour le moins tourmenté, influence de Walt Disney et des vieux cartoons, découverte du LSD, publications undergrounds en pagaille, succès grandissant en pleine période hippie, relation complexe avec le monde extérieur et avec les femmes en particulier, passion pour la musique traditionnelle en opposition à la culture conçue et préfabriquée pour la masse… Au-delà de l'individu Crumb, le film, co-produit par David Lynch, montre un condensé saisissant des excès générés par une société américaine à la fois consumériste, utopiste et puritaine. A l'époque où son travail s'impose, notamment suite à l'adaptation en dessin animé des aventures de Fritz the Cat (adaptation qu'il ne reconnaît pas mais qui popularise son personnage aux Etats-Unis), les demandes de collaboration et les propositions affluent. Mais Robert Crumb garde le cap : cette nécessité de vivre et de travailler en marge de la modernité confère un recul salutaire au bonhomme. Si elle est marquée par la période mouvementée des sixties, son œuvre n'est pas un produit de la mode ; elle s'inscrit dans une longue tradition artistique qui oppose à l'absurdité existentielle une vision sans concession souvent teintée d'humour. Méconnu des amateurs même de bande dessinée, son travail a pourtant massivement influencé plusieurs générations d'auteurs. Fantasmes pleins des spectaculaires fessiers qu'il affectionne, prêches hippies et ironiques de son Mr Natural, portraits d'orchestres tirés de l'oubli… tout semble lié par le regard acéré qu'il porte sur le poids social, les rapports humains et le statut toujours vacillant de l'art et de la culture. Tourné en 1990, le film de Zwigoff se conclut par le déménagement de Robert Crumb et de sa compagne Aline Kominsky vers un petit village du Sud de la France. Loin des Etats-Unis, la distance géographique et le calme apparent ne pouvaient qu'exacerber la relation paradoxale qu'il entretient avec son pays natal.

(1) Terry Zwigoff est par ailleurs le réalisateur du plus récent Ghost World, adaptation d'une bande dessinée de Daniel Clowes, unanimement saluée par la critique.

Est-ce que le fait de vivre en France a une influence sur la manière dont vous voyez les Etats-Unis aujourd'hui ?
Je suppose que oui, un petit peu. Vivre dans un autre pays donne une perspective plus large sur les cultures : la sienne aussi bien que les autres. Quand je suis arrivé en France, certains aspects ne me sont pas tout de suite apparus - je les ai perçus au bout d'un certain temps en vivant ici. C'est subtil : à la surface beaucoup de choses semblent similaires en France et aux Etats-Unis : tout le monde a des voitures, des téléphones, des télévisions, il y a des centres commerciaux… Mais il y a en fait des différences très profondes. Bien sûr, certaines sont évidentes, et très attirantes d'ailleurs : la culture y est, par exemple, bien moins dominée par les grosses corporations qu'aux Etats-Unis. C'est beaucoup plus difficile d'échapper à l'univers commercial en Amérique. Un autre constat marquant est la différence entre les femmes françaises et américaines…