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L'Oeil électrique #25 | Photo / Bernard Plossu : le regard amoureux

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Par Cédric Martigny.

Le rendez-vous a été fixé voie 18, arrivée en provenance de La Ciotat, en gare de Marseille. "En vrai", Bernard Plossu est celui que l'on imagine derrière son inséparable Nikkormat, à capter ces images lyriques et douces aux quatre coins des continents, à réinventer sans cesse son histoire d'amour avec le monde. A son regard, on peut prêter ces vers de Walt Whitman :
" Allons ! Qui que vous soyez venez voyager avec moi !
En voyageant avec moi vous trouverez ce qui jamais ne fatigue.
"
A 20 ans, il part photographier le Mexique avec en tête les films de la Nouvelle Vague, de Bergman, Eisenstein, Bresson... Cette épopée beatnik paraîtra 10 ans plus tard chez Contrejour dans un livre culte Le Voyage mexicain. Tout Bernard Plossu est déjà là : Ses thèmes : l'amitié, l'amour, la route, la nature. Dès lors, il ne cesse de voyager - Inde, Niger, Portugal Italie... et de déménager - Mexique, Paris, Nouveau Mexique, Andalousie et aujourd'hui Marseille.
Pendant toutes ces années il devient un formidable "passeur de photographie". Il entretient des correspondances avec Max Pam, Paulo Nozolino, Sergio Larrain... Il participe très activement à la création des éditions Contrejour en France et en Espagne à la revue Nueva Lente. Il expose dans le monde entier et reste peut-être l'homme qui a rencontré le plus grand nombre de Photographes et le photographe français qui a publié le plus grand nombre de livres (une quarantaine). Chaque ouvrage fonctionne comme un film, avec un ton, une humeur différente et célèbre à chaque fois un nouveau lieu et une nouvelle histoire.
Malgré un certain désordre géographique, l'œuvre de Bernard Plossu est extrêmement cohérente. Il fait sienne la formule énoncée par Gilles Mora : "La photographie redoublera notre vie… jusqu'à ne plus savoir s'il convient de vivre pour photographier ou l'inverse." Ses déplacements, ses enfants, sa femme ; tout est matière à image. Comme Cartier-Bresson, il se fait l'apôtre du 50 millimètre, la focale "normale", mais contrairement au maître de la composition et de l'instant décisif, Bernard Plossu est le photographe des instants non-décisifs. Une lumière, un détail déclenchent chez lui l'acte photographique. Il élabore une esthétique de la douceur et du bonheur.
L'œuvre de Plossu se situe également dans une histoire très contemporaine. A ce titre son livre L'Europe du sud contemporain est la fusion entre d'une part, le constat d'une standardisation de l'architecture et des modes de vie, et d'autre part, l'évocation d'un sud mythique et sensuel.
Aujourd'hui et de façon tout à fait exceptionnelle, Bernard Plossu n'a pas son appareil photo…

Tu as été, dans les années 70 en France, au cœur d'un mouvement extrêmement fécond et dynamique qui comprenait des photographes comme Claude Nori, Arnaud Claass, Denis Roche, Bruno Réquillard (cf. encart)… Ce mouvement, qui se regroupait autour de la maison d'édition Contrejour et de la revue critique Les Cahiers de la Photographie, avait pour mission d'émanciper la photographie des autres Beaux Arts et de réfléchir à la spécificité de ce médium. Pourtant, par ta pratique et ton parcours, tu sembles te détacher de ce groupe…
Je ne suis pas théoricien et je n'aime pas écrire. Je suis photographe. Tu fais référence aux années 70, mais j'ai commencé à faire de la photo en 1963, bien avant Arnaud Claass, bien avant Contrejour, même si pendant dix ans, j'ai fait des tas de mauvaises photos. Cela dit, comme les années 1970 ont été extrêmement dynamiques pour réfléchir sur la photographie, la promouvoir et la diffuser, je me suis investi avec Claude Nori, Gilles Mora et Denis Roche. Mais j'ai d'abord fait de la photo couleur de voyage. C'était un métier et ce n'était pas une honte. Pendant 15 ans je n'ai fait que de la photo de voyage spectaculaire, en couleur et au grand angle. J'ai quasiment brûlé tous les négatifs. En même temps, j'ai toujours eu l'instinct de faire des photos pour moi, en noir et blanc et au 50 mm. Donc, d'un côté il y avait ce qui se vendait, et de l'autre, ce qui ne se vendait en aucun cas. A l'époque on ne pensait pas à être des artistes. Quand mes photos ont été exposées en 1973 en Californie, je n'en croyais pas mes yeux. Pour moi j'étais photographe de revue de voyage depuis toujours, en couleur et au grand angle…