Par Eric Mahé. LA MAISON QUI PUE
N°2, 128 pages, couverture quadrichromie, intérieur quadrichromie et noir et blanc, parution annuelle, 13,5 euros en librairie, pas d'abonnement disponible pour le moment. E-mail : lamaisonquipue@hotmail.com
13, rue d'Aguesseau, 16 000 Angoulême. Tél. 06 64 94 63 02
40, rue Alfred Duméril, 31 000 Toulouse. Tél. 05 61 25 19 08
La Maison qui pue pue peut être, mais ce titre orne une bien jolie revue. Tout frais émoulus d'une certaine école des beaux arts d'Angoulême, les auteurs de ce recueil annuel font preuve d'une maturité graphique et narrative étonnante. Que nous vaut donc un titre si désinvolte qui tient mal ses promesses au vu de la lecture ? Effectivement peu de désinvolture dans le contenu, malgré une ligne éditoriale assez peu compréhensible… On imagine une bande d'ami(e)s ayant le même niveau d'exigence envers leur travail. Ce qui fait que l'on y trouvera aussi bien des carnets de voyages que des travaux photographiques autour des récits de bande dessinée. Tous les travaux ont un caractère narratif évident, et pour souder le tout, ce deuxième numéro propose des histoires autour de l'idée du "Péplum".
Graphisme - La mise en page et le graphisme sont la cerise sur le gâteau de cet opuscule. On appréciera notamment les carnets de voyages mélangeant infographie, dessin et photographie par une mise en page efficace. Avec le même savoir faire s'incrustent des "fiches" à l'esthétisme retro digne des almanachs. Cependant, on peut chipoter et regretter que les planches en noir et blanc et les polices de caractère soient imprimées avec une définition insuffisante, ce qui laisse une impression un peu brouillon.
Dans ce numéro - "Une vie de martyr" de Gilles Peltier est un travail oubapien (1) maîtrisé et drôle où le choix dans le récit s'offre à vous. Le tout haut en couleur.
Un certain Yan continue son travail organique de précision entamé dans le premier numéro. Il s'agit de la description d'une chaîne alimentaire sans fin qui ressemble étrangement à l'intérieur d'un corps. Performance graphique et narrative qui sort complètement du schéma de la bande dessinée et qui emprunte plus aux mises en abîme de MC Escher. Singulier.
Dans le genre "exercice" de style, Soy réitère avec l'utilisation de la photographie comme moyen de disparition/apparition, comme une petite manie de se téléporter.
La Maison qui pue nous donne à voir également des travaux en couleur directe (en BD, traditionnellement, la couleur est faite à part). Celui de Thi Kim Thu est sensuel, limite glamour, le tout exécuté sur des collages papier ou autres matières plates indéterminées qui font sens avec le récit (c'est bien utilisé quoi !).
Il reste tout de même assez difficile de faire ici une description exhaustive des auteurs de La Maison qui pue : ils sont une vingtaine dans ce numéro, et tous méritent intérêt.
Rajoutons que La Maison qui pue est bicéphale, comme les contacts ci-dessus le laissent supposer. Faute de savoir pourquoi elle pue, on pourra se consoler en ayant une idée de ce à quoi elle ressemble. A découper et à monter soi même p 81.
Prochain numéro pour janvier 2003, d'ici là surveillez les publications de la maison d'édition du même nom.
(l) L'OuBaPo est l'Ouvroir de Bande dessinée Potentielle en référence à l'OuLiPo, Ouvroir de Littérature Potentielle, rassemblant des auteurs comme Perec ou Queneau, qui désiraient contraindre leur pratique d'écrivain - le plus célèbre exemple en est La Disparition de Perec, roman écrit sans utiliser la lettre "e".
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