PORTRAITS / MURIEL BLAT
Par Katell Chantreau. Photos : Alain Jullien. Muriel aime voyager. Et les vacances ont apporté leur lot de rencontres et d'aventures. Son ami avait commandé une flûte en céramique à un artisan nîmois. L'instrument n'avait pas résisté aux mauvais traitements de la Poste, devenue très suspicieuse après les affaires de terrorisme bactériologique. Qu'à cela ne tienne : nous irons le chercher à domicile. Rennes-Nîmes : un jeu d'enfant. Détour par Saintes pour voir des potes, rando dans les gorges du Tarn, quelques descentes à ski dans la région niçoise et pour terminer, rencontre avec une troupe de musique médiévale dans le Jura. Les routes les moins droites ne sont-elles pas les plus jolies ? Après 10 jours de vadrouille, la reprise a été un peu raide, mais le voyage n'était pas terminé.
Muriel a retrouvé les enfants du voyage qu'elle suit. Comme sept autres instits d'Ille-et-Vilaine, elle a choisi de travailler avec ce public-là, "pour bosser avec des gamins en difficulté et pour rencontrer des gens qui sont là sans qu'on les connaisse". Les difficultés existent, mais on peut quand même faire des choses intéressantes. Muriel se rappelle d'une petite fille qui avait fait un exposé sur le hérisson et avait rapporté des recettes récoltées auprès de sa mère pour le cuisiner. Par la suite, elle avait été invitée à manger dans la famille de la petite. Muriel essaye de mettre en place un projet sur la musique : découvrir des chansons, des sons précis, des tournures de phrase. Mais souvent, les enfants n'osent pas chanter, par peur qu'on entende leur voix. Ce projet serait peut-être l'occasion pour Muriel - flûtiste dans le groupe de musique tzigane K?r?s - de découvrir les musiciens dans les familles. Les visites hebdomadaires aux terrains de Gromalon à Rennes, de Chartres et de Montgermont, lui permettent de connaître un peu plus les univers des enfants. "Ils sont contents que je vienne et m'accueillent avec plaisir. Mais rapidement, ils partent jouer dehors et me laissent avec leurs parents. Parmi ces derniers, certains me font part de leur illettrisme". Le plus dur dans ce travail, c'est la résistance au système scolaire : "Si tu marches bien à l'école, tu pactises avec l'ennemi". Muriel essaye de favoriser des rencontres avec des "sédentaires", même si le racisme associant les gens du voyage à des parasites ne facilite pas toujours la tâche. Qui voyagera verra, l'avenir est ouvert et Muriel ne se privera pas d'aller découvrir ailleurs d'autres façons de vivre si l'occasion se présente.
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