Par Arno Guillou, Stéphane Corcoral. Photos : Benjamin Diguerher.
A l'heure où les bandes dessinées "d'auteur" (autobiographiques de préférence) se ramassent à la pelle, la lumineuse alliance que forment Cizo et Winshluss explose sans sourciller les frontières entre "avant-garde" et "populaire", créations pour initiés et productions grand public.
Dans une veine comique totalement décomplexée, ce duo enchevêtré élabore depuis quelques années une œuvre hors normes, d'une qualité conceptuelle et graphique inespérée.
BD, expos, produits dérivés : tout est bon pour décliner un projet pseudo-mégalomaniaque, symbolisé par leur personnage, Monsieur Ferraille - emblème fort improbable de l'empire pour rire que ces deux cerveaux malades bâtissent jour après jour.
Vous travaillez ensemble depuis longtemps ?
Cizo : On se connaît depuis quinze ans, et on travaille ensemble depuis six ans. Notre première collaboration s'est faite sur le personnage de Monsieur Ferraille, dans le journal Ferraille.
Winshluss : On s'est rencontrés à Pau. On a monté un fanzine ensemble il y a longtemps, puis j'ai arrêté la BD pour la musique et Lionel (Cizo) s'est mis à la BD.
C : Je n'y connaissais rien, je n'y connais toujours rien d'ailleurs. Mais j'avais des choses à dire.
W : Et quelques années plus tard, quand j'ai vu qu'il arrivait à produire et que moi je ne faisais plus rien, je me suis dit : "Oh, ben merde ! " Et je m'y suis remis. (rires)
C : C'est un média laborieux, c'est aussi ce qui nous plaît. Et puis populaire dans sa réalisation : il est peu coûteux, par rapport au cinéma, à la musique…
W : La BD a aussi cette image selon laquelle elle est destinée à des crétins qui n'ont pas grandi, et moi ça me va très bien cette image.
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