Par Elisabeth Trouche. Photos : Elisabeth Trouche.
J'ai retrouvé mon agenda de l'année 1962.
Deux lignes seulement, et peu de traces d'émotion pour le jour du départ d'Algérie, le 11 août. Parce qu'à 12 ans, on a du mal à trouver les mots ? Parce que, partagée entre le soulagement d'avoir échappé à la mort et la tristesse du départ, on ne sait plus ce qu'on éprouve vraiment ? Parce qu'on laisse les adultes souffrir à sa place ?
Je ne sais pas.
De ce pays quitté en pleine violence, me poursuivent encore des images terrifiantes. Mais d'autres, magiques, m'habitent aussi. Je n'avais jamais envisagé un retour. Je considérais l'Algérie comme un pays à jamais interdit. J'acceptais qu'elle devienne mythique. Mais depuis la mort de ma mère et de ma tante, le désir m'est venu, irrésistible, de revoir Oran, de rechercher là-bas des traces des disparus, de confronter l'Algérie de mes souvenirs à l'Algérie d'aujourd'hui.
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