Par Magali Corouge. Photos : Magali Corouge. Le nombre de mineurs activement engagés dans des conflits armés est estimé aujourd'hui à 300 000 dans le monde. La République Démocratique du Congo, ex-Zaïre, connaît depuis 1998 une guerre civile qui a fait plus de deux millions de victimes. 1,3 millions de congolais ont fui les violences, les pillages et les atteintes aux droits de l'homme ( rapport mondial 2002, Human Right Watch). Les mineurs de 12 à 18 ans sont les premiers sacrifiés afin de défendre les communautés locales contre les attaques. "Soldats bon marché", faciles à former et à manipuler, ils sont le plus souvent utilisés comme espions, messagers, gardes du corps ou encore esclaves sexuels.
Depuis la signature d'un accord avec les Nations Unies en mai 2000, concernant l'enrôlement d'enfants de moins de 18 ans dans des conflits armés, les chefs des différents gouvernements et groupes armés (la Force Armée Congolaise, l'Armée Patriotique Rwandaise, l'Armée de Défense du peuple ougandais, la milice congolaise du Mai-Mai, les groupes armés Hutu, Les Forces de Défense Locale, le Mouvement de Libération du Congo, le Rassemblement Démocratique Congolais) relâchent peu à peu des enfants. En avril 2002, 104 enfants soldats de la région de Bukavu (à l'extrémité méridionale du Lac de Kivu, dans l'Est de la RDC) ont obtenu leur démobilisation, suite à l'intervention de l'O.N.U. A Goma, ville frontalière du Rwanda, deux nouveaux centres ont été construits pour prendre en charge ces jeunes. Pour un minimum de trois mois, des ONG locales et internationales (Save the Children, Comité International de la Croix Rouge, Concert d'Actions pour Jeunes et Enfants Défavorisés, SOS Grands Lacs, le Père d'Obosco), sous la tutelle de l'Unicef, se concentrent sur trois points : l'identification des enfants, leur enregistrement, le retour dans leur famille.
A l'arrivée de chaque enfant, on ouvre un nouveau dossier. L'après midi, au centre du C.I.C.R (Comité International de la Croix Rouge), l'infirmière et un éducateur, surnommé le "Coach", d'origine congolaise, réunissent les enfants en petits groupes dans le jardin du centre pour parler de leur passé. Un lien de confiance s'établit, l'équipe tente par son écoute et ses mots d'aider psychologiquement ces jeunes, puis reporte ce qui lui semble important à signaler dans chaque dossier. Martin, l'un des responsables du centre du C.A.J.E.D (Concert d'Actions pour Jeunes et Enfants Défavorisés), une O.N.G congolaise, confie que les plus âgés des enfants hésitent à donner leur âge par peur d'être envoyés directement dans l'armée à leur majorité.
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