Par Jean-Yves Géreau. Depuis deux ans, la revue de bande dessinée Lapin accueille en deuxième de couverture les dessins de l.a. S'y télescope un embouteillage de personnages, comme croqués à la hâte, pris en flagrant délit de trivialité quotidienne, abrités sous d'improbables titres-parasols comme "Le corps en décomposition d'un moine => c'est ça la peur" ou "L'adolescence. De toute façon, j'vais t'dire : Toi, Bruno, rien t'intéresse, de toute façon." l.a. possède son propre langage, en lisière de la bande dessinée et de l'illustration. Sans cases, le récit se ramifie, bifurque, le texte dévore les planches. Ici, non-sens de lecture et nonsense du propos trouvent leur cohérence par juxtaposition. Ce style séduit. La très sérieuse revue R de Réel lui ouvre régulièrement ses colonnes et Brigitte Fontaine l'a sollicité pour illustrer le dossier de presse de son coffret récapitulatif.
Comment s'est faite la rencontre avec l'équipe de Lapin ?
Je connaissais de longue date Jean-Christophe Menu, qui dirige la maison d'édition l'Association. J'ai d'abord commencé à dessiner dans mon coin, sans même penser à être publié, la bande dessinée ne constituant pas pour moi une passion particulière. Je respectais l'Association pour son intégrité et la qualité de ses parutions, c'est pourquoi en tant que touriste néerlandais de la bande dessinée, je n'imaginais même pas y contribuer. Mais c'est avec le soutien du dessinateur Placid et celui de Jean-Yves Duhoo, à l'époque chef de fabrication à l'Association, que Menu a envisagé de me publier.
Quand as-tu décidé de devenir dessinateur ?
En fait, je n'ai rien décidé du tout. Il se trouve qu'adolescent, ma mère m'a inscrit au concours des Arts Appliqués car je prédisposais d'une capacité hors du commun à dessiner les guitaristes de hard-rock. Depuis, je n'ai eu de cesse de dessiner des guitaristes de hard-rock, vus de dessus, de dessous, mais aussi de profil. Mon travail pourrait donc se résumer par une lutte sans merci contre cette manie dévastatrice qui consiste à dessiner des guitaristes de hard-rock à tort et à travers.
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