Par Eric Faber. Certains genres cinématographiques ne vieilliront jamais. Le cinéma burlesque en est un. Si tout le monde s'accorde à reconnaître son importance, qu'en est t-il de l'écho inattendu qu'il a trouvé à Hongkong à la fin des années 70, à travers la comédie kung-fu ? Reprenant les principales caractéristiques du comique muet américain tout en l'adaptant à la culture chinoise, la comédie kung-fu a longtemps été considérée très péjorativement en Occident. En France, les films sortaient affublés de titres ridicules et de doublages caricaturaux, le tout estampillé "films de karaté" ! Un tel traitement irrespectueux a porté un préjudice énorme à la réputation de ce mouvement. Alors que les mentalités ont quelque peu évolué, peut-être est-il possible aujourd'hui d'apprécier la comédie kung-fu comme une descendance directe du cinéma comique originel… Selon Jean-Jacques Couderc dans son ouvrage Les Petits maîtres du burlesque américain, le cinéma burlesque (ou slapstick) se caractérise par "la farce bouffonne, l'humour grossier, les situations absurdes, les actions mouvementées". L'acteur doit être "non seulement un amuseur, mais aussi un acrobate, un cascadeur ou même un magicien". Des mots qui définissent parfaitement ce courant cinématographique né en France à partir de 1905. La production française, qui atteignait des sommets jusqu'en 1914, a été paralysée en raison de la Première Guerre mondiale. Le burlesque américain, lui, s'est développé de façon plus timide en s'inspirant fortement du burlesque français - puis en s'affirmant par la suite comme un cinéma original et indépendant. Il s'impose par le biais d'un nombre croissant de talentueux acteurs (Charlie Chaplin, Roscoe "Fatty" Arbuckle, Harold Lloyd, Buster Keaton…) et producteurs (Mack Sennett, Hal Roach, Joseph Schenck…). Son âge d'or s'achève à l'orée des années 30 avec l'arrivée du cinéma parlant, peu compatible avec un genre qui "repose par essence sur des gags visuels". Eric Faber est l'auteur de Jackie Chan, le dernier maître du burlesque, à paraître aux éditions Dreamland début 2004.
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