Par Achraf Reda, Muriel Bernardin.

Pour qu'on cesse d'acheter des livres ou des cassettes vidéo comme on achète du liquide-vaisselle et souvent au même endroit, la structure Co-errances a fait le pari de réhabiliter la place du lecteur et du spectateur. Son désir : leur permettre de redevenir les interlocuteurs privilégiés d'œuvres souvent noyées dans la masse, porteuses d'idées et d'émotions, qu'ils puissent y avoir accès, s'en emparer et y réagir.
A l'heure où se renforcent les monopoles dans l'édition, la distribution et la diffusion, une telle démarche apparaît salutaire. Christopher Yggdre, Christel Chapin et Nina Ammi nous présentent les enjeux soulevés par la création de cette coopérative de diffusion.

Pourriez-vous nous éclairer un peu plus sur l'entité Co-errances ?
Co-errances est un regroupement de producteurs de sens : des maisons de production de films, des éditeurs indépendants, des revues, qui se donnent ensemble les moyens d'une diffusion qu'on pourrait qualifier d'autonome. Le projet de cette coopérative date d'à peu près un an. Mais la naissance effective de Co-errances s'est faite à travers un acte fondateur public qui a eu lieu les 11 et le 12 janvier 2003.
C'est une société coopérative d'intérêt collectif. Elle tente de développer un certain nombre de réseaux de diffusion et de distribution pour des œuvres ou démarches peu ou pas accessibles. De même, elle cherche à faire exister la réponse de ceux à qui s'adresse cette démarche. C'est-à-dire le lecteur pour un livre, le spectateur pour un film, etc. L'objectif étant d'essayer de sortir de cette culture de consommation passive. En effet, les modes de diffusion propres aux œuvres de l'esprit sont de plus en plus verrouillés et soumis à des circuits exclusivement commerciaux. D'ailleurs, les logiques de concentration dans ce secteur nous amènent à questionner la nature politique et idéologique de celui qui détient les moyens de faire circuler les œuvres. En France, Lagardère, marchand d'armes possédant 70% de la distribution du livre, représente un cas très emblématique. Mais il n'est pas le seul.

Co-errances propose un abonnement à l'année (de soutien à partir de 40 euros, simple à partir de 10 euros). Cet abonnement représente un soutien important pour une démarche naissante et il permet de recevoir les documents édités par Co-errances (dont le catalogue, ainsi qu'une lettre mensuelle qui reprend l'actualité de la coopérative et de ses différents membres (parutions, manifestations publiques, etc.). A renvoyer par chèque en indiquant sur papier libre "abonnement Co-errances" à l'adresse suivante : Co-errances, 45 rue d'Aubervilliers-75018 Paris.
E-mail : contact@co-errances.org
Site : http://www.co-errances.org