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Par Jean-Philippe Biard. Un bruit régulier de ponçage et celui distordu et intermittent d'une perceuse affairée sur une pièce métallique, troublent singulièrement la tranquillité du bord, habituellement bercée par le roulis, le chuintement de l'écume et le sifflement du vent dans la mâture. Les bruits insolites entendus ce matin-là au beau milieu de la mer d'Irlande proviennent du Christian Radich, navire norvégien classé deuxième de la Cutty Sark Tall Ship Race mais pour l'heure encalminé* à quelques milles des côtes galloises… La survente qui avait éprouvé les équipiers les jours précédents a cédé la place à la pétole*, et dans ce climat propice à l'inaction, les chefs de quart ont eu vite fait de trouver de l'occupation pour tout le monde. Ponçage des bois abîmés, chasse à la rouille, polissage des légions de cuivre du bateau, peinture des recoins innombrables de la coque, filage du gréement* des mâts… Régate ou pas, l'entretien nécessaire à ce trois-mâts de 71 mètres promet des journées bien remplies pour l'équipage, quand bien même l'absence de vent le dispenserait de manœuvres pour quelques jours encore. Alors que notre quart prend la relève du précédent, je réalise à peine, cinq jours après le départ de la course au large de Paimpol, comment tout cela a singulièrement commencé quelques heures avant le lancement de la course, une nuit, sur les quais de Saint-Malo.
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