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L'Oeil électrique #6 | Société / Moustic

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Par Stéphane Corcoral.
Photos : Lionel Boscher.

S'il vous arrive de regarder Nulle Part Ailleurs sur Canal +, vous êtes sans doute déjà tombé sur un OVNI télévisuel aussi délirant que salutaire, coincé entre Guillaume Durand et l'orchestre de bal : dans le journal de CANAL International, Jules-Edouard Moustic et ses acolytes laissent libre cours à leur débilité la plus profonde... et en profitent pour torpiller en vrac les infos, le télé achat, les méfaits de nos politiciens, et tout ce qui peut être énervant. Bref, un rempart de choix contre la beaufisation Cathodique, un petit espace de résistance anti-crétinisation./P>

Vous êtes combien à travailler sur le journal de CANAL International ?
Une dizaine à temps complet. On n'a pas une grosse équipe sur les tournages, vu que Sylvain fait la plupart des sujets tout seul avec du petit matériel, et que Ben fait les petits sujets. Mais il y a tout le travail de régie que font les deux Arnaud, les recherches pour trouver les baraques, trouver les gens...

Les petits vieux qu'on voit dans les reportages, c'est des vrais acteurs ?
Non, non. C'est des gens qui s'emmerdent, et plutôt que d'aller à la pêche ou de faire du macramé, ils envoient leur candidature pour participer à des tournages...

Mais comment vous faites alors ? Vous groupez les gens ici et vous emmenez un car de vieux à la campagne pour les tournages ?
C'est ça. Et eux ils sont contents : ils passent une journée avec des jeunes, ils vont au resto, ils s'arsouillent un peu au pinard.

Je demandais ça parce qu'en fait, on a parfois l'impression que vous vous pointez dans un bar de village et que vous recrutez les gens sur place...
Non. Non. Il y a Fabienne qui s'occupe du casting et qui gère tout ça. Mais c'est un peu cruel le casting. parce que quand on parle de délit de sale gueule... Obligatoirement dans un casting, t'es obligé de choisir tes personnages en fonction de la tronche. C'est horrible en fait. Par exemple aujourd'hui, on avait besoin d'un mec avec une tête de facho. Alors tu regardes les photos, et au bout d'un moment : " Ah, un facho ". Le mec est peut-être adorable, mais il a la tronche qu'on se fait d'un facho. T'es à fond dans les clichés.

Les gens postulent parce qu'ils connaissent l'émission ?
Je pense plutôt qu'ils écrivent un peu partout, à TF1, etc. pour participer à des tournages...

Mais alors, quand il s'agit de leur faire dire des trucs crades.., Ils doivent être un peu choqués.
Il y en a qui veulent absolument pas, mais souvent, c'est plutôt le contraire... On avait fait un reportage, dans un village où t'as que des hommes, et t'as une petite vieille dont tout le monde dit qu'elle est adorable, qu'elle est gentille, que c'est vraiment une brave femme, etc. Et la voix off disait, " Nous sommes allés chez Mme Machin pour savoir quel était son secret ". Alors tu vois une petite vieille très bourgeoise et propre sur elle : " Ben, je suce. " Elle a quand même sa tronche à la télé, maïs ça la gêne pas... Et bien sûr, ils reçoivent tous le texte à l'avance, on les piège pas. Ils savent qu'on va les faire passer pour des fachos, ou des pervers. Et tous les ans, on fait une fête fin juin, avec Notre Président. On loue un resto et on fait venir tous ceux qui ont tourné avec nous. Alors, il y en a certains qui viennent me voir. Il sont tous endimanchés, avec leur femme, tout ça. Et l'année dernière, y en a un qui se pointe tout fier, et qui me dit : " Bonjour, vous vous rappelez de moi ? C'est moi les couilles dans le papier a!u. " J'ai failli tomber par terre, avec ce mec en face de moi qui me disait ça, tout fier... Dans le mouvement, y en a un autre qui suit et qui vient me dire : " C'est moi la crise cardiaque. " Et impossible de me rappeler dans quel sketch c'était. Donc je fais le gros fourbe : " Ah ouais, super. On a bien rigolé hein ". Et en fait il avait vraiment fait un infarctus, juste après le tournage.

Qui d'autre dans l'équipe ?
Nathalie, notre assistante... Ben... Les costumières, les maquilleuses... Joël Pons qui fait les voix off... Kafka qui fait Francis Kuntz, et qui a trouvé son personnage tout seul. Y a Jean-François Halin (qui écrivait avant pour les Guignols), qui travaille avec nous depuis un an et demi, et qui créera peut-être aussi son personnage un jour. Et bien sûr. il y a Benoît Delépine, avec qui on fait l'ossature des émissions.

C'est-à-dire ?
Avec Benoît, on fait l'ordinaire : on structure le JT. On trouve les vannes de fin, le début, le noyau... Et après, Jean-François Halin, Kafka. Benoît et moi, on écrit chacun nos sketches de notre côté. Four le détournement d'images, on se met tous ensemble une fois par semaine, et on mate des cassettes. On fait tous nos commentaires : des fois c'est à chier, et des fois ça fonctionne, alors on le garde. On est le premier public des commentaires de chacun.

Et vous les trouvez ou ces images-là ?
C'est Xavier et Laure qui dérushent des banques d'images. C'est des boîtes qui reçoivent toutes les images du monde entier et qui les revendent aux télés, pour les journaux télévisés. C'est un abonnement, comme l'AFP, mais juste avec des images, sans commentaires. Comme c'est uniquement des images brutes, prises par des reporters sur place, y a des fois où c'est vraiment dur : tu vois des choses qui passent jamais dans les JT tellement c'est atroce. Au début, on visionnait tout ça avec Benoît, et c'est tellement dur qu'on allait se bourrer la gueule à la fin pour oublier... Une fois, on a vu une Chari'a : le reporter cadre, et tu vois qu'on coupe la main d'un type, sans aucun commentaire... Alors t'entends le mec qui gueule : c'est pas du tout la même perception des informations avec ce genre de scène.

Vous apprenez des choses qu'on ne voit jamais nulle part ?
(Xavier intervient) : Récemment là, il y a eu une rencontre Kabila/Le Pape, et personne n'en a parlé nulle part, alors que les images sont là. Mais souvent, c'est dur à savoir, parce que c'est des images sans aucun commentaire. Alors si t'as un attentat, tu vois vaguement de quoi il s'agit, mais tu sais pas où c'est, etc.

C'est difficile de trouver un équilibre entre les différents auteurs ?
Ça se trouve avec le temps. On a de la chance ici que les patrons te laissent le temps de t'installer. Ça fait quand même sept ans qu'on fait l'émission. A TF1, on aurait jamais pu faire ça. Et avec le recul, quand on voit ce qu'on faisait il y a sept ans ! C'était horrible ! C'était beaucoup trop long, on était tous mauvais. Je sais pas si on est bons maintenant, mais c'est toujours mieux qu'à cette époque.

Et ça c'est lié au fait que les patrons sentent que les gens ont du potentiel, et qu'ils leur laissent le temps de s'installer ?
Complètement. Prends les Guignols par exemple. A tous les niveaux, il y a eu des progrès énormes : écriture, réalisation, manipulation... Au tout début, c'était moi et Benoît qui écrivions pour les Guignols. Moi je sortais des Nuls, pour qui je bossais avant, et c'était mauvais : tout ce qu'on faisait dire à Chantai Lauby, " bite, couille, etc. " c'était marrant parce que c'était dit par une nana, et qu'elle avait une super façon de le faire passer. Mais avec la mousse des marionnettes, ce genre de blague, ça devient tout de suite premier degré, et ça tombe complètement à plat : il y a aucune expression du visage... Et par exemple, depuis, les manipulateurs ont fait des progrès monstrueux. Quand tu vois ce qu'ils arrivent à faire maintenant, avec les tics des personnages, toutes les expressions...

En fait, on sait pas vraiment ce que tu faisais avant. C'est avec les Nuls que tu as " commencé dans le métier " ?
Ouais, à la télé en tout cas. Avant, j'avais fait beaucoup de radio. Et j'ai rencontré Chabat à Radio Monte Carlo. On déconnait au début, et on s'est mis à écrire des bêtises ensemble. Apparemment ça plaisait, parce qu'on avait toujours plus de monde qui venait écouter nos conneries derrière la vitre. Un jour il est parti en me disant que si un jour il faisait un truc sur Paris, je pouvais le rejoindre sans problème. Et deux ans après, il me téléphone : " On fait les Nuls, si tu veux venir... ".

Quand tu dis que vous écriviez des trucs ensemble, c'est qu'un jour, tu as décidé de faire du comique ?
Ah, non, ça c'est marrant, et je sais pas si les autres c'est toujours comme ça, mais pour moi, depuis tout petit, on m'a toujours dit : " Toi t'as raté ta vocation, t'aurais dû être clown. " Ça fait chier d'ailleurs au bout d'un moment, quand on te le dit depuis l'âge de six ans... Et toi, tu vas dans une autre direction, et grâce à ça, on s'est retrouvé ensemble avec Chabat à faire chacun notre truc de notre côté. Moi j'avais une émission de musique tous les jours, avec un invité que j'interviewais. Et un jour, l'invité, c'était Magdane et il me dit : "Je t'écoute souvent quand je suis en tournée, et c'est vraiment bien. T'as jamais pensé à écrire des sketches ? " " Ben... Non. " Et il m'a demandé de lui écrire un truc. Alors pour la première fois de ma vie, j'ai sorti un sketch sur vinyle : 1 minute 40... Mais c'est son disque qui s'est le moins vendu.

C'est un peu ta vocation qui t'a rattrapé ?
Je sais pas si c'est une vocation, mais je sais que maintenant c'est vachement bien. Comme une couette. On se roule dans la crétinerie avec beaucoup de bonheur.

Et tout le monde regarde, et ça plaît...
C'est là que je sais pas en fait. Avec Benoît, on se demande souvent. Les seuls retours qui nous restent vraiment, c'est dans la rue quand des gens nous accostent. Et d'ailleurs, c'est vachement bien, parce qu'ils sont pas casse-couilles : c'est juste des mecs en voiture qui ouvrent la vitre pour te dire " Super ! Continuez ! " et ils se barrent. Pas de preneurs de tête.

Ça se voit aussi quand tu arrives sur le plateau dans ton petit décor. Il y a toujours une super réaction dans le public.
Des fois, c'est un problème aussi. Quand c'est un écrivain qui est invité, et que c'est un peu... calme... les gens qui sont dans le public, ça fait une heure et demie qu'ils se tapent ça... et t'as aucune réaction quand t'arrives. Ils dorment. Alors je fais le con avant de rentrer sur le plateau, je fais du bruit et des coin coin...

Tu penses que vous êtes un élément de Nulle Part Ailleurs, ou plutôt un programme autonome, qui pourrait fonctionner tout seul n'importe où ?
Déjà, nous on est complètement autonomes ; notre bureau n'est pas dans le bâtiment de Canal... Ça fait six ou sept ans qu'on est dans Nulle Part Ailleurs, et j'ai jamais vu Gildas par exemple, à part de le croiser dans le couloir. On participe pas aux réunions de " debrifieng ", comme ils appellent ça. On vient faire notre truc et on se barre. C'est excellent, parce qu'on est dans Canal, mais on garde toujours notre autonomie.

Donc votre émission n'est jamais préparée en fonction du programme du jour dans Nulle Part Ailleurs...
Non, d'ailleurs ça peut être un peu gênant. Une fois on avait fait un truc sur le Téléthon, en disant que des bandits prenaient des enfants en otage pour récolter du fric, et que personne appelait la police... Et juste avant d'arriver sur le plateau, je tombe nez à nez avec six myopathes dans leur chaise roulante. Et je les vois et je me rappelle : " Ah, merde le sketch ! " Après, je les retrouve au rez-de-chaussée en repartant... c'était un peu tendu. Maïs, bon, des fois y a des coups de pot. De toute façon, tout ce qui m'intéresse, c'est l'invité musical. J'suis comme un gosse quand je vois ça.

En plus, comme il y a une bonne programmation...
Et c'est super, parce qu'à part ça en France... On a vraiment une culture musicale à chier ici. Ça me surprend toujours ça. Si tu penses à 68, y avait des gens à cette époque là. Il y avait des jeunes en 68. Bon, ils sont devenus vieux. Mais ils sont toujours vivants. Et pourtant y a rien du tout. Ils ont tout oublié ? Où ils sont passés ? Et quand ils mettaient l'invité musical de Nulle Part Ailleurs à 20H20 avant là l'heure où il y a le plus de monde), tous les spectateurs se barraient.
Mais c'est super qu'un rendez-vous comme ça existe. Ça fait découvrir plein de trucs dans tous les genres. Surtout aujourd'hui où tout est compartimenté : on devient de plus en plus formatés... les jeunes qui écoutent du rap n'aiment que ça, les gens qui aiment la techno n'aiment que ça. C'est un système de castes. C'est curieux... C'est vraiment un truc qui me choque. Y a pourtant des choses intéressantes partout.

Est-ce que vous décidez toujours d'équilibrer un peu les choses dans le JT ? Est-ce que vous parlez on peu de politique, un peu de ci et un peu de ça, associé à des trucs complètement crétins ?
Toujours. Si on met une vanne de cul, on essaie toujours de mettre un truc politique juste après. De toute façon, ça s'équilibre un peu naturellement, comme un JT : les trucs sérieux c'est au début, les sujets " de proximité " c'est après... On fait attention de pas avoir que du cul de A à Z par exemple.

Est-ce que tu penses que c'est perçu ce " commentaire politique " ?
Ouais. On se rend de plus en plus compte que les Français sont pas si cons que ça. On rencontre des gens de toutes origines sociales qui viennent nous voir, et tu sens très bien que les trucs passent : ils te parlent du fond. Je pense que ça répond à un besoin aussi : de la même manière que nous on a besoin de faire des trucs avec un fond social ou politique, il y a beaucoup de gens qui ont besoin de voir ce genre de choses. Mais bon. on va pas se gêner. d'autant qu'on est dans un monde qui va plutôt vers ce qu'on aime pas : ça nous encourage à en rajouter.

Est-ce que vous vous interdisez certaines choses ?
Non. On sort des trucs des fois en préparant les émissions... on se regarde, on est morts de rire, et on se dit ; " Putain, mais c'est honteux de faire des trucs comme ça. " Et on le fait. Les seules limites qu'on se donne c'est qu'on ne fait pas de trucs racistes ou machistes. Mais c'est surtout pour éviter de tomber sur des poncifs qui ont déjà été faits dix mille fois. Mais on ne s'interdit absolument rien.

Des pressions extérieures pour éviter certains sujets ?
Quand on me demande ça, je pense toujours à l'ancien président, Rousselet, quand les Guignols attaquaient Peugeot. Y avait le crétin, Calvet, qui avait appelé directement Rousselet pour gueuler, avec des arguments dégueulasses du genre : " Avec vos trucs, on vendra moins de Peugeot, et ça mettra des gens au chômage... " Et donc il lui dit qu'il va retirer toutes ses publicités de Canal +. Alors Rousselet lui répond : " Je ne comprends pas pourquoi vous ne l'avez pas fait avant... Au revoir, monsieur. "

Et maintenant que Rousselet n'est plus là ?
On n'a aucune pression. Je sais pas si des gens appellent la direction ou quoi, parce qu'on nous en parle jamais en fait. On nous laisse complètement tranquille.

L'idée de la Présipauté, ça vient d'où ?
Du fait que j'ai vécu douze ans à Monaco. On avait fait un pilote qu'on avait proposé à Alain De Greef. C'était un conseil des ministres, avec le président, qui était déjà joué par Chistophe Salengro. Et nous les ministres, on proposait des projets de loi. C'était nul, mal joué, mal tourné, mal fait. Mais l'idée d'un tout petit pays qui n'existe pas est restée. Alors c'est la Présipauté de Groland qui est tellement pétée de tunes qu'on y a fait une chaîne internationale. Y a un présentateur fantoche qui présente les reportages sans les avoir vus, un journaliste toujours au mauvais endroit au mauvais moment... et c'est parti de ça. Et maintenant, on s'en sert pour dire tout ce qu'on veut. Comme on n'a pas tous les personnages à notre disposition comme tes Guignols, ça nous sert de miroir. Quand on veut évoquer Chirac, Clinton ou Millon, c'est le président qui prend la place. À la base, c'est par manque de pognon. Du coup, t'es obligé de biaiser, et ça te rend plus " créatif ". C'est pareil pour tout d'ailleurs. C'est pour ça qu'on veut rester avec une équipe légère et des moyens pas trop lourds. Par exemple, rien que d'avoir des acteurs, ça coûte un maximum de blé : 1500/1600 francs par personne. Et si t'en as cinq-six qui viennent juste pour dire " Ah ben dis donc !".., ça monte assez vite. Donc on est souvent ric-rac, et ça nous oblige à essayer de tricher, de trouver des solutions. C'est super que ça puisse rester artisanal comme ça.

Les yorkshires Qui explosent, c'est un clin d'œil direct aux sketches des Monty Python ?
Non, pourquoi ?

Parce qu'ils ont des bestioles qui explosent comme ça.
Ah non, pas du tout. C'est marrant ça... Pourtant j'en ai vu un paquet... Faudra que je regarde. Mais c'est plutôt ce qui est à l'autre bout de la laisse qu'on attaque. Le yorkshire, c'est plutôt un chien rustique, pas du tout ce qu'on en a fait, avec le nœud sur la tête.

Comment vous fonctionnez pour vous tenir au courant de l'actualité ?
On prend Libé et le Parisien ; un truc intello et un truc plus populaire, pour avoir un équilibre. On regarde les différentes chaînes : comment TF1 traite tel sujet, etc.

Des sujets qui vous titillent plus que d'autres ?
Tout, en fait. Avec la société qu'ils sont en train de nous préparer. Ça nous fait peur, donc ça nous énerve. Cette surconsommation à la con... la " troudeballisation " du monde. On est de plus en plus dirigés par des trous de balles qui arrivent de grandes écoles, qui ont aucune conscience... Ils devraient faire Humanité comme sujet dans ces grandes écoles. Et là, avec tout ce qui se passe, l'Euro, tout ça... Où sont les gens là-dedans ?

Et ça, t'as l'impression de le vivre un peu de l'intérieur à Canal + ?
J'ai vraiment l'impression que c'est un passage obligé dans ce genre de boîte. Ça grossit, et au bout d'un moment, tu vois débarquer ce genre de personnes. Mais il faut garder l'esprit et pas baisser les bras. Il faut se battre à l'intérieur du système. Se barrer, ça serait idiot. Parce que c'est partout comme ça. On prend de plus en plus les gens pour des cons. Alors, il vaut mieux qu'on fasse ce qu'on fait à Canal, sinon tu laisses la connerie progresser un peu plus. Tout ça s'entrechoque, mais quand on parle de surconsommation, c'est vraiment grave. Ils ont fait des tas de pubs pour Noël : les ordinateurs à 5000 balles - pas cher ! C'est du délire. T'imagines ? 5000 balles ? Pour un cadeau de Noël ! Jusqu'où ils vont pomper les gens ? T'as le chômage et la surconsommation. et du coup tous les gens ferment leur gueule : ils ont besoin de fric, ils sont endettés, ils veulent pas perdre leur boulot... Et t'as des gros porcs qui en profitent.

Tu penses vraiment que ça fonctionne comme ça, avec les gens d'un côté, et des gros porcs de l'autre ?
C'est un peu simpliste, mais je pense qu'il y a de plus en plus de gros enculés. Avant, y avait les bandits, le gouvernement. Maintenant, en plus, y a les gros enculés. A RMC récemment, pour pas les citer, ils ont été rachetés par Sud Radio. Ils sont arrivés, ils ont fait un plan de licenciement. Ils sont allés voir les gens et ils leur ont dit : " Toi, t'es viré. Toi, t'es viré, Toi, on te garde, etc. " Et une semaine après, ils se sont aperçus qu'ils n'avaient pas lu la législation monégasque. Alors ils sont retournés voir tout le monde et ils leur ont dit ; " Vous qu'on devait virer, finalement, on vous garde, et vous qu'on devait garder, finalement on vous vire... ". C'est monstrueux comme façon de traiter les gens... Et puis je sais pas, j'ai tendance à croire que tout se resserre. J'arrive pas à comprendre. Par exemple, ce qui se passe en banlieue : pourquoi ils laissent monter la pression comme ça ? Ça se trouve, ça va commencer à péter, et là ils vont serrer partout. Je sais pas, je ressens ça comme ça... Bien sûr, je suis pas un grand sociologue, mais je me méfie tout d'un coup. Quand tu vois des socialistes qui veulent pas voter le PACS par exemple. Ils deviennent tous foireux. Et à force de devenir foireux, on va tous devenir centristes. Je suis peut-être parano...

Et tu penses qu'une émission comme la vôtre peut faire réfléchir ?
A mon avis, non. Quand je dis ça à Benoît, ça le fout hors de lui, mais je pense qu'on a un public acquis, des gens convaincus d'avance. C'est plutôt une thérapie, ça leur fait du bien. Mais tu vas pas les convaincre de ceci ou de cela. Ce qui serait intéressant, ça serait de faire ça sur TF1, et de passer juste avant le journal de PPDA. Là, ça serait intéressant de voir les réactions... des publicitaires, des gens qui regardent... sur la côte d'azur...

D'un autre côté, on peut se demander si ça rend pas les gens plus cyniques... " Tous pourris, etc. "
Je sais pas... Pour nous, notre JT, c'est un peu comme dans Brazil, avec le rêve que le mec fait de voler à chaque fois. Le reste du temps, on est dans les infos, dans notre bureau tout gris... et de faire nos conneries, ça nous permet de nous évader. Je pense que c'est la même chose pour les gens qui regardent.