Warning: mysql_num_rows(): supplied argument is not a valid MySQL result resource in /mnt/153/sda/7/9/oeil.electrique/php/en-tetes.php on line 170
L'Oeil électrique #8 | Jamais trop tard / Pour le big band

> C’EST BEAU LA VIE
+ Des animaux et des hommes

> SOCIÉTÉ
+ Martine Mauléon
+ Petit traité de manipulation
+ Marché +
+ Sexe: morales et sexualité

> BANDE DESSINÉE
+ Placid: ni oeil de verre, ni langue de bois

> VOYAGE
+ Inde

> PHOTO
+ Michael Ackerman

> MUSIQUE
+ Pascal Comelade

> MÉTIER
+ Clown

> GRAPHISME
+ Benoît Jacques

> 4 LIVRES : EROTIQUES FÉMININS
+ Françoise Rey : Loubards Lagnifiques
+ Josefine Mutzenbacher : Histoire d’une fille de Vienne racontée par elle-même
+ Anaïs Nin : Venus Erotica
+ Régine Deforges : L’orage

> BOUQUINERIE
+ Bernard Maris : Lettre ouverte aux gourous de l’économie qui nous prennent pour des imbéciles
+ Gérard Béhague : Musique du Brésil
+ Hervé Prudon et Muzo : J’ai trois ans et pas toi (mémoires sans mémoire)
+ Scott Mc Cloud : L’art invisible
+ François Chesnais : Tobin or not Tobin ? Une Taxe internationale sur le capital
+ Mattt Konture : Krokrodile Comix 2

> NOUVEAUX SONS
+ Oslo Telescopic : Third
+ Malcolm Braff Combo : Together
+ Koani Orkestar : Gypsy Mambo
+ Slick Sixty : Nibs And Nabs
+ Dick Annegarn : Adieu verdure
+ Guitar Wolf : Jet Generation

> JAMAIS TROP TARD
+ Pour le big band

> REVUES
+ Humoir
+ Etapes graphiques

> ACTION
+ Pour Voir Pas Vu

JAMAIS TROP TARD / POUR LE BIG BAND

Par Cyril Bilbeaud, Stéphane Corcoral.

pour le big band...

4 disques dont le point commun est qu’ils associent les accompagnements distillés par des arrangeurs de génie (Lalo Schifrin, Quincy Jones, Oliver Nelson…) aux talents de musiciens aussi uniques les uns que les autres (Ray Charles, Dizzie Gilespie, James Brown et Jimmy Smith).

Ray Charles (arrangements de Quincy Jones et Ralph Burns) : Genius + Soul = Jazz (Impulse!) – 1961

Avec cet album, on est vraiment dans le gros cliché du big band : les pêches de cuivres, les accélérations, les alternances des passages retenus et débridés… et l’orgue de Ray Charles qui ponctue tous les morceaux. L’orchestre est mis à son service : il lui répond, il le soutient, il le complète… On sent que tout le travail de Quincy Jones et de Ralph Burns est orienté dans cette direction : les morceaux (qui sont souvent des reprises) sont arrangés pour laisser de l’espace à l’instrument principal. Mais toute la puissance de l’orchestre est utilisée. C’est un disque d’ambiance : on sent que c’est conçu pour la danse, pour être joué devant un public. Il y a des morceaux blues avec des arrangements jazz, des morceaux plus soul ou rhythm & blues, quelques moments de répit, et de nouveaux passages qui dépotent sévère, … une grosse ambiance de salle de danse.

Jimmy Smith (arrangements de Lalo Schifrin) : The Cat (Verve) – 1964

Encore un disque où l’instrument solo est un orgue. Si on connaît un tout petit peu le travail de Lalo Schifrin, on voit son impact sur cet album. Pourtant, sur la pochette, Jimmy Smith est en gros et Schifrin en tout petit. On va écouter cet album et le trouver bien, écouter des disques d’autres artistes qu’on va aussi trouver super, sans jamais se rendre compte qu’ils sont tous arrangés par Lalo Schifrin. C’est là qu’on voit l’importance des arrangements qui créent toute la dynamique des morceaux. Quoi qu’il en soit, ici, il y a deux monstres qui se complètent : Jimmy Smith avec son orgue qui swingue ferme, et Lalo Schifrin et ses arrangements qui font passer d’une ambiance ultra dansante, à des moments plus cools ou à des atmosphères puissantes qui pètent dans tous les sens. Ça donne énormément de relief au disque. Un peu de la même manière que celui de Ray Charles, c’est vraiment un disque dans l’esprit du jazz fait pour danser, avec le grand orchestre qui joue à fond. C’est un disque immédiat que tout le monde peut écouter, sans avoir besoin d’une culture musicale particulière. On s’y retrouve facilement parce qu’on a tous ce genre de musique dans la tête par le biais des films de cette époque (c’est Lalo Schifrin qui a fait les musiques de Bullit, de Mannix et de Mission : Impossible par exemple).

Dizzy Gillespie (arrangements et composition de Lalo Schifrin) : The New Continent (Limelight) – 1962

Un autre album arrangé par Lalo Schifrin, mais celui-ci est beaucoup plus expérimental. On voit bien qu’il ne se contente pas de composer une musique : il ne travaille pas de la même manière pour un Jimmy Smith que pour un Gillespie. Bien sûr, on reconnaît la patte de l’auteur de musiques de films, mais c’est vraiment totalement différent. Schifrin a intégré de nombreux éléments de différentes origines (africaine, espagnole, cubaine, blues, etc.) pour s’adapter aux goûts éclectiques de Dizzy Gillespie. Pour cet album, Schifrin voulait éviter de recourir à des formats existants : The New Continent, c’est une volonté de nouveau continent musical à partir de toutes les influences. Les morceaux durent en général dix à douze minutes, et on a l’impression qu’il y a cinq morceaux différents dans chacun d’entre eux. Ça ressemble un peu à des journées : on se lève le matin dans un état d’esprit, à midi c’est un autre et le soir encore un autre… les morceaux fonctionnent un peu comme ça. Par rapport au disque de Jimmy Smith qui est plus entertainment, celui-ci est plus une exploration : on ne peut pas vraiment l’écouter en fond musical ou en faisant autre chose, ça requiert plus de concentration. Il y a des atmosphères plus lourdes, plus tendues… mais ça devient très vite assez léger, puis très rythmé. Ça part dans tous les sens. C’est assez destructuré. On passe d’une émotion à une autre, et il faut s’accrocher.

James Brown (arrangements d’Oliver Nelson) : Soul on Top (Polydor) – 1970

Ce disque est sorti la même année que le célèbrissime Sex Machine, mais Soul on Top n’a pourtant pas grand chose à voir avec le brûlot funky. On y découvre plutôt une facette méconnue de James Brown : celui-ci y fonctionne beaucoup plus comme élément d’un ensemble très structuré. D’habitude, avec son groupe, ils font tourner un thème, chacun y va de son petit solo, et James Brown est là pour relancer, mettre de l’ambiance, et pousser les petits cris qui font son charme. Ici par contre, on sent vraiment toute la préparation, l’écriture et la rigueur d’un arrangement avec vingt musiciens. Et si James Brown émet toujours ses cris, l’ambiance est résolument jazz, avec quelques éléments soul ou rhythm and blues. Il suffit d’écouter les versions des deux énormes standards It’s a Man’s Man’s World et Papa’s Got a Brand New Bag pour se rendre compte de l’importance de la réécriture et des nouvelles dimensions apportées par l’orchestre. La subtilité, la puissance, la sensualité : tout y est.