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L'Oeil électrique #15 |

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4livres

Philip K. Dick : Ubik
1969, Robert Laffont
Traduit de l’américain par Alain Dorémieux.

Notre conscience survivra-t-elle à notre mort physique ? En attendant l'inéluctable, sommes-nous certains que notre perception du réel n'est pas un leurre ? Les défunts peuvent-ils influer sur notre présent ? Telles sont quelques-unes des questions posées dans ce roman, écrit en 1969.
1993 : envoyé par un mystérieux client sur la lune pour neutraliser l'intrusion psychique illégale de télépathes, un groupe de spécialistes américains (accompagnés de leur patron, Glen Runciter) est victime d'un attentat. Retourné en catastrophe sur Terre, le groupe va tenter de faire face à la menace de forces angoissantes, qui semblent fragiliser les frontières du temps.
Difficile de résumer les enjeux de cette histoire, où tous les thèmes de la science-fiction semblent rejoindre celui de la mort, sans déflorer les surprises qui attendent le lecteur. Philip Kindred Dick, révélé par le Maître du haut château (prix Hugo 1962) et depuis sa mort, en 1982, objet d'un véritable culte chez les amateurs de science fiction, s'est interrogé, dans plus de trente romans et d'innombrables nouvelles, sur nos liens illusoires avec le réel et sur l'incommunicabilité de nos expériences singulières. Il nous entraîne ici sur les pas hésitants de Joe Chip, testeur d'ondes psychiques pour Runciter Associates - une sorte de technicien solitaire, toujours fauché, qui devient malgré lui l'enquêteur tenace et attachant de cette course (à rebours !) contre la montre. Si quelques trouvailles d'écriture peuvent sembler un tantinet ringardes (la sacro-sainte terminologie SF cousue main; la garde-robe "décalée" des personnages), l'inventivité vertigineuse de l'écrivain résonne en nous car elle agit avec la force d'un suspense métaphysique : l'avant, le pendant et l'au-delà comme paradoxes fascinants. Et dans toute fascination, il y a cette peur larvée, à l'image des réclames étranges qui ouvrent chaque chapitre, vantant une multitude de produits sous une seule marque, Ubik, "sans danger si l'on se conforme au mode d'emploi".

Tanitoc.

EXTRAIT

- L'enterrement est un rite barbare, murmura Herbert. Une survivance des origines primitives de notre civilisation.
- Oui, monsieur, approuva sa secrétaire assise à sa machine à écrire. Dans le salon de consultation, plusieurs clients s'entretenaient maintenant avec leurs parents semi-vivants, dans un silence recueilli, installés chacun devant son cercueil. C'était un spectacle paisible que celui des fidèles venant régulièrement rendre leur hommage. Ils apportaient aux semi-vivants des messages, des nouvelles du monde extérieur ; ils égayaient leur mélancolie durant ces périodes où leur activité cérébrale était ranimée. Et… ils payaient Herbert Schönheit von Vogelsang. Diriger un moratorium était une affaire rentable.
- Mon père a l'air de faiblir, dit un jeune homme en attirant l'attention d'Herbert. Vous pourriez peut-être prendre un moment pour le contrôler, si ça ne vous ennuie pas trop ?
- Certainement, dit Herbert en accompagnant le client jusqu'à son parent décédé. La fiche de ce dernier n'indiquait plus que quelques jours, ce qui expliquait la diminution de l'activité cérébrale. Quoi qu'il en soit… il haussa le niveau de l'amplificateur de protophases, et la voix du semi-vivant devint un peu plus forte dans l'écouteur. Il est près de la fin, pensa Herbert. Il était évident que le fils ne voulait pas voir la fiche, qu'il refusait de savoir que le contact avec son père décroissait. Sans rien dire, Herbert s'éloigna, le laissant communiquer avec le défunt. à quoi bon lui apprendre que c'était probablement la dernière fois qu'il venait ici ? Il le découvrirait bien assez tôt. Un camion venait d'apparaître sur la plate-forme de déchargement située derrière le moratorium. Deux hommes en descendirent, dans un uniforme bleu pâle qu'il connaissait bien. Les Transports et Livraisons Interplanétaires Atlas. Ils amenaient un nouveau semi-vivant juste décédé ou venaient en chercher un qui avait fini son temps.