Warning: mysql_num_rows(): supplied argument is not a valid MySQL result resource in /mnt/153/sda/7/9/oeil.electrique/php/en-tetes.php on line 170
L'Oeil électrique #5 |

> C’EST BEAU LA VIE
+ Quel bonheur d’être amoureux!

> SOCIÉTÉ
+ Quand l’animation socioculturelle joue à la maîtresse
+ Plantage système à l’école

> VOYAGE
+ Liban
+ Maroc

> MUSIQUE
+ Natacha Atlas

> MÉTIER
+ Détective privé

> GRAPHISME
+ Paul Bloas, transpirateur de murs

> NOUVELLE
+ Si la main droite de l’écrivain était un crabe

> 4 LIVRES : LE MONDE ARABE
+ Hanan el-Cheikh : Femmes de sable et de myrrhe
+ Abdallah Zrika : Bougies noires
+ Josette Alia : Quand le soleil était chaud
+ Naguib Mahfouz : Matin des roses

> BOUQUINERIE
+ Blutch : Le Petit Christian
+ John L. Casti : Un savant dîner
+ Collectif : Histoires intimes
+ Dominique Goblet : Portraits crachés
+ : Le Paradoxe américain
+ " Dire le monde " : Gulliver N°1

> NOUVEAUX SONS
+ The Regular Fries : Free
+ The Beta Band : The 3 EP’s
+ Mozesli :
+ Badly Drawn Boy : EP3
+ Prohibition : 14 Upds And Downs
+ Orly : Matériau
+ Osaka Bondage : Volume 2
+ Ronruins Ketsuana : Guapo, Hirohito

> PLATES-FORMES
+ Les éditions des 4 mers

4livres

Abdallah Zrika : Bougies noires
0, Éditions de la différence

Abdallah Zrika est marocain, né en 1953 à Casablanca. Il n’est pas anodin de savoir qu’il a été emprisonné pendant deux ans parce que ses poèmes ont été jugés comme une atteinte aux valeurs sacrées de son pays. Le fait est que Zrika ne sacralise ni son pays, ni la religion : autant dire qu’il s’arroge une liberté totale, franchement salubre, pour crier son mal-être. Le titre du recueil Bougies noires annonce déjà la tonalité, sombre, de l’ensemble...
Ce qui frappe à la lecture des premiers vers, c’est la langue : moderne, quotidienne, elle ne correspond en rien à l’image (cliché ?) de la poésie arabe, que l’on se figure comme excessivement littéraire, ciselée, savante même.
On le devine, cette langue moderne, sans fioritures, doit elle aussi être considérée comme une atteinte aux "valeurs sacrées"... de la littérature cette fois ! Zrika apparaît alors doublement dérangeant, dans les thèmes qu’il aborde et dans la forme qu’il choisit.
Mais, nul doute que c’est ce matériau-là dont il a besoin pour s’exprimer. Pas de maniérisme chez cet auteur, pas de poésie "décorative", car le poète est une figure de la quête, investi du don de voir ce qui peut-être échappe aux autres, et qui veut précisément "donner à voir" :

Alors j’ai vu le soleil
à l’écart de la lumière

J’ai vu des portes
et pas de maisons

Des papillons
sortant des vers
grouillant sur les cadavres

Mais dans le même temps, il entrevoit ses propres limites et se retrouve alors, comme les autres, dans l’ignorance et le tâtonnement :

J’ai vu le mur fuir le blanc
La terre fuir la mer
Et je n’ai pas vu

Tous les poèmes de Zrika évoquent l’angoisse face à un monde, à un Homme, intrinsèquement mauvais (dans "Homo Satanas" en particulier). La condition humaine est misérable puisqu’elle participe à sa propre destruction ; les hommes n’ont pas à attendre de Dieu une quelconque délivrance de leurs souffrances ; le monde n’est-il pas aussi synonyme de vide ?
L’interrogation se fait alors plus métaphysique, et lancinante comme une litanie, dans "Vides tortueux". Loin de toute certitude, de toute vérité absolue, Abdallah Zrika soumet ses lecteurs et lui-même à la question. Torturante, cette remise en cause du monde marque le refus catégorique d’un quelconque confort intellectuel.
L’écriture poétique est appréhendée en tant qu’outil d’investigation, d’expérimentation.
De cette conception de la poésie naît, forcément, une grande liberté. Pour le poète et pour nous, lecteurs. C’est là, dans ce champ des possibles, que Zrika est devenu dangereux, aux yeux de ceux pour qui la liberté est un affront...

EXTRAIT

"Ohé ohé c’est quoi ces joyaux
qui jettent des éclairs de larmes
dans cette boutique

Ce chien fidèle qui monte la garde
autour du vide

Comment ai-je posé ma main
sur un mur de dents

Comment toutes ces échoppes
ont-elles disparu de nuit
dans les poches

Et comment mes ongles sont-ils tombés
en automne
"