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L'Oeil électrique #12 |

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Bouquinerie

Tomamaso Campanella : La Cité du soleil
Mille et une nuits, 92 pages, 10 francs

Tommaso Campanella, philosophe dominicain, moins illustre que son humaniste inspirateur Thomas More (auteur de L'utopie), n'a pas eu la chance de connaître le moindre avant-goût d'une vie utopique. Durant plus de vingt années, croupissant au fond d'un mitard infect, convaincu d'hérésie, il rédige une œuvre considérable de laquelle s'élève l'éminente Cita dell Sole. Campanella dresse sur les flots une hypothétique Sri Lanka équatoriale, "Taprobane", cité dont il évoque architecture, politique, justice, religion et philosophie en quelques pages. Ce voyage, raconté par un personnage, Génois intrépide, caricature la métaphysique pyramidale du moine Campanella : ce peuple solaire aborde la vie sociale de manière rigoriste, la perfection distribue les rôles, l'individu disparaît derrière sa tâche et les magistrats (aux noms saugrenus) sautent dès qu'un meilleur qu'eux débarque… Le dominicain évoque les relations avec l'Extérieur, aborde la sexualité froide de ce peuple qui vit exclusivement en vue de la pureté. Proche d'un communisme glacial, d'un totalitarisme qui serait ainsi inhérent à l'utopie du moine, ce petit monde caresse l'ambition eugénique, l'autarcie manichéenne, vise l'extraction des désirs et l'exaltation de l'acte volontaire ; on en a froid dans le dos, malgré tout ce soleil. "Le zéro et l'infini", tout à la fois, se consignent dans ce texte tassé qui prophétise autant Engels, le futurisme mussolinien ou des espérances funestes comme Monte Veritas et les mouvements sectaires repensant la création universelle, la place de l'homme et le rôle de l'élite gnostique (cf. l'ordre du temple solaire) : des idéaux-types comme Stakhanov. Entendre alors à la radio, un pâle vendredi soir, la description de ces villages américains, sorte de fantasme campanellien, s'urbanisant autour d'un principe sécuritaire inquiétant (les nouveaux étendards de la droite traditionaliste américaine), dans les faubourgs de villes géantes, semble faire écho aux mots du vieux cureton. L'idée de l'homme-dieu concret finit par empester sérieusement, on en sort un peu plus au courant de ce que souhaitent finalement certaines factions… pour nous autres. Quelle joie alors de retrouver le bordel ordinaire généralisé, la grève des bus, la taxe d'habitation, Pepsi-Cola et la worldwide panade. More and more.