Jose Serrano/Antonio "el Agujetas" : Dos gritos de libertad A l'origine de cet album, il y a un projet fou et génial : organiser un concours de chant ouvert à tous les prisonniers, hommes et femmes, des centres carcéraux espagnols. C'est ce qu'ont imaginé et mis en œuvre un éducateur et un guitariste travaillant au centre pénitentiaire de Cordoue, avec l'aide de la confédération andalouse des peñas flamencas. Le temps de trois éditions (1991, 1993, 1995), voilà la prison de Cordoue transformée en cercle andalou vivant au rythme des chants de braise et de la passion flamenco. Soudain, les murs un peu moins épais et un peu moins hauts laissent venir jusqu'à nous le cri de deux hommes. Accompagnés par les guitares sans fioriture de Rafael Trenas et de Miguel Ochando, les deux lauréats des concours, Jose Serrano et Antonio "el Agujetas", nous offrent un chant profond et poignant. Les voix s'écorchent, se déchirent et expriment la tragédie humaine et la tension du monde carcéral. Les battements de pieds et de mains soulignent la douleur comme ils rappellent l'atmosphère festive imprégnée de fièvre gitane qui a envahi la prison de Cordoue à trois reprises. En Andalousie, on dit que le chanteur est habité par le duende, c'est-à-dire l'état de grâce. Gageons que les détenus ayant participé à ces événements auront pu, l'espace de quelques jours, éluder leur condition. Quant à Jose Serrano et Antonio "el Agujetas", gageons que cet enregistrement pourrait servir de tremplin à leur liberté future. |