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L'Oeil électrique #14 |

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4livres

John King : Football factory
1996, Alpha Bleu (réédition J’ai Lu)
Traduit anglais par Alain Defossé.

Tom Johnson aime le foot, son équipe de Chelsea, la bière, tirer son coup, mais il aime plus que tout la décharge d’adrénaline que lui procure une bonne baston contre West Ham, Man U ou Millwall.
Après une semaine passée à se lobotomiser en portant des cartons dans un entrepôt, huit heures par jour, Tom retrouve ses potes (mariés ou pas, avec ou sans enfants, ouvriers ou au chômage…), pour affronter l’adversaire de la semaine. Tom est un hooligan, un vrai, un dur, pas un gosse de dix-huit ans qui veut faire le malin. Tom est un prolo londonien qui expulse sa haine tous les samedis en marge des stades – car ces derniers temps, les caméras vidéo ont envahi les tribunes ; et les environs immédiats des terrains sont sous haute surveillance. Mais quand on cherche vraiment la bagarre, on arrive bien à retrouver les enculés des autres clubs à quelques encablures de là, dans les petites ruelles tranquilles.
John King nous fait vivre le quotidien et les réflexions de Tom, souvent minables, racistes, haineuses, imbéciles, mais tout aussi souvent lucides – touchant, sans en avoir l’air, quelques points sensibles avec une précision inattendue : hiérarchie sociale, honnêteté, valeurs morales, "sens de la vie"… Et malgré sa violence, on n’arrive décidément pas à détester Tom : King parvient sans sourciller à nous le présenter en homme droit, en fils, en ami loyal, autant qu’en enfoiré de première catégorie, dénué de la moindre parcelle d’humanité.
Ainsi, au fil des chapitres dont Tom est le narrateur (et entre lesquels s’intercalent subtilement d’autres passages sur des personnages, périphériques certes, mais ô combien signifiants, par l’éclairage complémentaire qu’ils apportent), King met à jour l’absurdité et les contradictions d’une société anglaise (elle aurait pu être française) en pleine déconfiture, où tout le monde trinque, hormis une poignée de privilégiés. Mais il ne donne pas de réponse : il se contente de constater que les gens essaient de survivre ; leurs solutions sont souvent contestables, rarement efficaces – les nôtres aussi, sans doute.

EXTRAIT

– Comment ça, elle est en cloque ?
– Eh bien voilà, mon grand. Les gars, tu sais, ont un bout de viande entre les jambes, et il se remplit de sang quand il renifle de la chatte. Du coup, la fille commence à mouiller, en voyant ça. Alors le gars, il met son bout de viande tout raide dans le trou entre les jambes de la fille, il remue d’avant en arrière pendant un moment, pour toi, deux ou trois secondes, et balance cette espèce de liquide blanc, épais comme du produit à vaisselle. Neuf mois plus tard, si tout se passe bien, un grafron sort en braillant, et le connard en question devra casquer pour lui pendant seize ans.
– Tu parles sérieusement ?
– ça marche comme ça, Mark. Je te mentirais pas. Pas sur des choses aussi importantes. Tu trouveras ça dans tous les livres de médecine, et dans presque tous les programmes de télé, même s’ils ne montrent pas tous les détails. C’est comme les abeilles et les oiseaux.
[…]
– Tu pourras lui acheter un maillot de Chelsea et l’emmener aux matches. Mais on ne te verrait plus beaucoup, hein ? Tu ne vas pas rentrer dans le chou des mecs de Tottenham avec un gamin sur les épaules.
Je me mets à rire. Rod me jette un coup d’œil mauvais et me demande ce qu’il y a de si drôle. Je lui réponds que je l’imagine en train de latter la gueule d’un Spur avec un môme sur les épaules pour diriger les opérations. Il pourrait devenir la mascotte de la bande. Non, il ne voit pas l’idée. Il secoue la tête. Moi, elle me plaît de plus en plus, mais je me tais. Il finira comme un de ces mecs qu’on voit le samedi dans Fulham Broadway, avec les cheveux gris tout décoiffés, et qui s’assoit dans la tribune familiale, entouré de chiards, pendant que les copains prennent du bon temps. Si Rod finit comme un de ces cons, je prends mon flingue et je le bute, pour le soulager de sa misère. Question de correction, comme le véto qui achève un pauvre animal. Sinon, il rejoindra le troupeau des morts-vivants
.