David Bradford : Drive-by Shootings La technique du drive-by shootings, avant son utilisation en photographie, fut loin d’être une démarche artistique : elle se traduisait, dans le Chicago de la prohibition, par des virées de gangsters en voiture sur des quartiers rivaux, avec assassinats à la mitrailleuse par la fenêtre ouverte du véhicule. Encore utilisée par les bandes rivales américaines aujourd’hui, ce n’est pas elle qu’illustre David Bradford dans son recueil de photos. Taxi driver new-yorkais, il se sert d’un appareil photographique pour "shooter" sa ville et ses habitants. Il le fait toujours de l’intérieur de son Yellow Cab, lors de courses qui l’entraînent à longueur de temps d’un bout à l’autre de Big Apple, nuit et jour, été comme hiver. Au résultat, ce livre composé de centaines de prises de vues noir et blanc présente un New York non touristique, vu de l’intérieur : pas de photos chocs mais plutôt un assemblage d’images de rues, de piétons, de situations cocasses, de portraits de ses passagers, d’immeubles ou de ponts. Avec cette impression que le conducteur du taxi, au milieu de cette foule, reste désespérément seul : peu de gens regardent directement l’objectif, les photos semblent "volées", pas le temps de s’arrêter pour faire connaissance. Les photos, regroupées par thèmes lors de la mise en page (un jour, une nuit, neige, nuit et jour…) avec une atmosphère particulière pour chacun (chaleur, tristesse…), composent une sorte de "calendrier" de visions de la grande ville : été, automne, hiver… |