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L'Oeil électrique #15 |

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4livres

Henry James : L’autel des morts
1894, Stock
Traduit de l’anglais par Diane de Margerie et François-Xavier Jaujard.

Histoire d'une relation inféodée à la mort, cette nouvelle d'Henry James, à la fois claustrale et abyssale, élabore l'intimité formidable d'un homme et d'une femme avec leurs morts, avec ceux qu'ils ont perdus. Ancré dans la contemplation, la foi concrète, le retentissement du passé, L'autel des morts offre une vision de ce que l'être, qu'il soit jeune ou vieux, peut connaître de la disparition des siens. De ce simple évanouissement de la présence, à jamais. Accoté au sentiment d'amour, le récit infiltre peu à peu la fin de l'espoir qui réside dans l'inéluctable sort de ceux que l'on a profondément aimés. A quel point un vieil homme devient le fervent de ses amis disparus, comment une femme voue sa vie à son amour perdu. Eloignée de la sordidité aisée quand il s'agit de la mort, l'œuvre recherche à travers ces deux êtres-là, le transport des pensées de ceux qui restent : l'issue dans le quotidien prend figure de triomphe du souvenir sur la réalité, quand bien même celle-ci comporte encore surprises et assauts sentimentaux. Stransom, le vieil homme, flanqué du fantôme de la femme de sa vie, s'arroge un autel qu'il encombre de cierges, autant d'amis disparus, et s'installe ainsi, chaque jour, face à "ses morts", afin d'en tirer ce qui lui reste de l'existence : son passé, à nouveau. Dans cette chapelle discrète, lieu de drame shakespearien, il rencontre une femme, assidue elle aussi à ce culte des morts. Cette étrange relation, presque silencieuse, distante et si confidente pourtant, va faire rejaillir le doute. Ils ont un trépas en commun. Un homme qui fut l'ami de Stransom puis sa haine... et le grand amour de la femme. Ce rapprochement final de ces deux puissants contraires engendre une chute désespérée, une disgrâce qui révèle la force des divergences.

EXTRAIT

Ses Morts possédaient maintenant quelque chose qui était irrévocablement à eux, et il aimait penser qu'ils pourraient parfois devenir les Morts des autres, tout comme les Morts des autres pourraient être invoqués dans le cadre du rituel qu'il avait créé. Tous ceux qui s'agenouilleraient sur le tapis qu'il avait fait étendre participeraient à l'esprit de son culte. Chacune de ces lumières avait pour lui un nom, et de temps à autre s'allumait une nouvelle flamme. Sa croyance essentielle était qu'il y aurait toujours place pour Eux tous. Les fidèles qui passaient ou s'arrêtaient ne voyaient là que le plus resplendissant des autels, soudain ranimé, devant lequel un homme d'un certain âge, visiblement fasciné, se tenait souvent assis, plongé dans une rêverie ou un demi-sommeil. Mais une part du bonheur que ce lieu procurait à cet adorateur mystérieux et fantasque venait de ce qu'il y retrouvait les années de sa vie écoulée, les liens, les affections, les luttes, les échecs, les conquêtes (à supposer qu'il y en eût), un récit de ce périple aventureux dont la naissance et la rupture des affections humaines marquent les étapes.
[...]
Il y avait une étrange sanctification dans la mort, mais certains étaient plus sanctifiés par l'oubli que par le souvenir. Le manque le plus flagrant, dans cette page étincelante, était le souvenir d'Acton Hague, qu'il essayait obstinément de chasser. Pour Acton Hague, aucune flamme ne pourrait jamais s'allumer sur son autel.