Jacques Athanase Gilbert : La Main invisible Tout commence au supermarché. Un narrateur fait ses courses en observant les gens qui l'entourent et en réfléchissant sur son statut d'homme moderne consommateur de biens sous cellophane. Quelques pages plus loin, un meurtre a lieu : un type s'est fait dessouder au moyen d'un éplucheur à patates ! Interviennent alors un commissaire, chargé de l'enquête, ainsi qu'un stagiaire en marketing. Ce dernier, influencé par les théories économiques d'Adam Smith (1), programme un logiciel d'optimisation des flux dans le supermarché, et découvre une martingale au détour d'une analyse de probabilités. Tous ces personnages évoluent parallèlement, tandis que le narrateur développe dans le même temps une réflexion musicologique, sur le thème de la polyphonie. Puis, encore, de nouveaux personnages viennent s'ajouter à l'édifice : un directeur de prison et un jeune professeur qui donne à des prisonniers un cours intitulé "Prophylaxie de la chèvre allaitante". Tout ce joyeux capharnaüm fait d'éléments disparates finit par fusionner en un tout cohérent, de la même façon que les différentes voix d'une polyphonie finissent par n'en plus faire qu'une ou plus exactement aboutissent à une matière sonore originale. Déroutant et foisonnant, La Main invisible est un roman plus que singulier, brassant une multitude de sujets, et basculant de l'un à l'autre sans crier gare, réussissant pourtant à conserver une cohérence tout au long de l'ouvrage. (1) économiste, créateur du concept de la main invisible, à savoir : il est inutile d'intervenir dans la marche de l'économie, car une main invisible oriente instinctivement les agents économiques, tandis qu'ils maximisent égoïstement leur profit, à favoriser dans le même temps le bien-être global de la société. |