Michel Hansen, Paul Lannoye, Suzanne Pons, Gilles-Eric Seralini et Jean-Pierre Berlan : La guerre au vivant : OGM et mystifications scientifiques Précis et concis, petit mais fourni, ce recueil de textes - dirigé par Jean-Pierre Berlan, directeur de recherches à l'INRA - offre un éclairage sur la manière dont s'opèrent supercheries et dissimulations autour de la privatisation du vivant. Entre glissements sémantiques, mystifications scientifiques, et médiatisation à outrance, l'objectif réside dans l'appropriation du naturel par les firmes transnationales. Mais loin des coups d'éclat de José Bové, les auteurs nous proposent ici de décortiquer de façon minutieuse la confusion qui se produit dans les esprits autour de la question des OGM. Rétablissant d'abord celle-ci dans son contexte historique, ils montrent comment le paysan a peu à peu été dépossédé d'un outil de travail notable : la possibilité de sélectionner, pour des récoltes futures, les meilleures semences. Cette technique d'amélioration sans profit pour le sélectionneur (employée depuis le début du dix-neuvième siècle et constituant le socle des techniques génétiques actuelles) a été remplacée par une supercherie : "l'hybridation" (technique ouvrant la porte au brevetage tous azimuts et au retour sur investissement). Puis, sans alarmisme, ils abordent - à travers les effets toxiques et allergisants des OGM - les conséquences de la transgénèse sur la santé et l'environnement. De même, ils dénoncent la pollution génétique et s'insurgent également contre le pillage du patrimoine génétique mondial auquel se livrent ces firmes transnationales en donnant quelques exemples probants (tels que le brevetage du fruit Momordica charantia dont les effets pourraient être bénéfiques dans la lutte contre le virus HIV). Au fil des révélations et des explicitations, la problématique de l'appropriation du vivant s'offre au lecteur dans sa globalité. Ce dernier peut alors se rendre compte que l'agriculture transgénique est inutile et que les alternatives durables et écologiques existent. Et les auteurs de préconiser toute une série de solutions allant dans ce sens. Comme ultime éclairage, un glossaire d'expressions de la novlangue biotechnologique vient clore un ouvrage où la réalité dépasse largement une fiction orwellienne. |