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L'Oeil électrique #20 |

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Bouquinerie

Natacha Michel : Autobiographie
Verdier, 90 pages, 75 francs

Dans son autobiographie, sous-titrée Approche de l'ombre, Natacha Michel raconte l'événement extrême qui met en jeu son existence, bouleverse son rapport à elle-même, à son passé et à son avenir, cet événement qui désormais la constitue tout en la détruisant : la disparition de son fils, jeune adulte que la mort a exclu brutalement du monde. Pourquoi cette fin absurde ? A cette question sans réponse, Natacha Michel oppose ce que l'on pourrait appeler l'écriture de la douleur ; indicible ? Au contraire, la narratrice la dit et la ressasse, dans une langue qui doit autant à la poésie qu'à la prose. L'auteur a d'ailleurs intitulé son texte "déploration" : déploration de la mère mais aussi dialogue avec sa jeunesse à elle, envolée, tranchée d'elle-même à jamais par la déflagration de la mort et la persistance du deuil, et dialogue avec le spectre de son propre père. Cette forme que prend le texte n'est pas sans rappeler la tragédie antique, avec laquelle Natacha renoue ici : l'histoire individuelle prend les proportions de l'universalité, sans d'ailleurs jamais perdre de son intimisme. On pourrait en effet penser que la relative grandiloquence de ce récit à quatre voix glace ou court-circuite l'émotion du lecteur, il n'en est rien, et cette forme solennelle prend les allures d'un long éloge funèbre, à la mesure du chagrin maternel. Fouaillant au plus près d'une douleur prête à tout submerger, cette singulière autobiographie cherche peut-être aussi, au-delà de la seule catharsis, à donner forme et réalité à cette découverte révoltante que provoque en nous la mort : celle-ci n'aurait rien à dévoiler qu'elle-même, ne serait le fruit de rien, et ne mènerait à rien d'autre qu'à l'absence.