Daniel Cressan : Les aventures de Daniel Cressan racontées par l’auteur
Les Requins Marteaux, 36 pages, 24 francs
"Quand j'étais petit, je voulais devenir dessinateur quand je serais grand. Maintenant je suis grand mais je sais pas dessiner. Tant pis, je suis dessinateur quand même."
Daniel Cressan est un génie, mais ça, peu de gens le savent. Pour rétablir cette vérité, Les Requins Marteaux rééditent son œuvre magistrale (et hélas, posthume), initialement autoproduite avec une négligence maîtrisée et déjà partiellement publiée dans le magazine Ferraille.
L'autobiographie sert de base à ces aventures qui n'en ont que le nom : anecdotes honteuses labelisées "rien que du vrai", chutes diverses et variées, souvenirs d'enfance humiliants, pulls qui boulochent, solitude assumée, et considérations quasi philosophiques sur la difficulté de communiquer se suivent en 72 strips qui hésitent entre tragique (un peu) et comique (beaucoup).
A mille lieux de toute esbroufe, le dessin réalisé au stylo bille le plus brut peut paraître maladroit et immature. Ne vous arrêtez pas à cette première impression d'apparente désinvolture, elle cache une vraie sensibilité. On pourrait presque penser que le dessin cressanien est le pendant graphique de l'univers de Daniel Johnston, ce cousin américain qui enregistre ses chansons naïves et désespérées sur son magnéto pourri pour ensuite aller distribuer ses cassettes dans la rue. Tous deux ont en commun ce côté bricolé nous laissant penser qu'on pourrait en faire autant. Loin d'être un défaut, c'est ce qui les rend terriblement sincères et attachants.
Parions que vous serez surpris par ce comix au trait singulier et touché par son grand sens de l'autodérision : "Le pire, c'est que ça me prend du temps de dessiner comme ça." Tony Papin.
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