A qui avec Gabriel : Utsuho
Tzadik, Orkhêstra
A qui avec Gabriel est une jeune accordéoniste japonaise, hautement influencée par le légendaire "romantisme français". Avec cet album, elle démontre - si cela était encore nécessaire - le potentiel émotionnel de l'accordéon, cet instrument pris pendant des années pour symbole d'une culture populaire ringarde à la Yvette Horner.
Avec la simplicité caractéristique d'une compositrice sûre d'elle-même et de l'effet recherché, chaque note - et chaque silence - est à sa place. Accompagnée de violons, clarinettes, pianos, xylophones et instruments jouets, elle élabore une atmosphère parfois naïve, qui tend aussi vers le tumultueux et l'angoissant. Cette création d'un univers intimiste semble caractéristique de ce que les japonais peuvent si bien faire (Pascals, Pizzicato Five...), mais Tanabe Retzusan et ses musiciens le font avec beaucoup plus de sophistication que leurs semblables qui jouent plutôt la carte du kitsch. Derrière cette musicienne inconnue, se cache aussi modestement John Zorn (compositeur de nombreuses œuvres expérimentales jazz, rock, punk, classique, musique improvisée...) à la production, ainsi que la collaboration musicale de Haino Keiji, figure importante de l'underground japonais.
Et nous voilà embarqués pour un voyage dans l'imaginaire avec ce disque qui s'écoute d'une seule traite, du début à la fin : il va sans dire qu'on aura du mal à trouver un single là-dessus ! Avec Utsuho, A qui avec Gabriel a vraiment réussi une pièce qui émeut et vibre aussi fort que l'accordéon contre son corps.
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