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L'Oeil électrique #24 |

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Bouquinerie

Gunnar Lundkvist : Klas Katt
L’association, 168 pages, 23 euros

Traduit épisodiquement dans la revue de bande dessinée Lapin depuis 1997, le Klas Katt du suédois Gunnar Lundkvist déconcerta d'emblée une grande partie d'un lectorat pourtant rompu à la découverte en bande dessinée. Aujourd'hui recueillies en un copieux premier album, les errances de ce chat qui nous ressemble gagnent en évidence, révélant toute la sève d'une œuvre pétrie d'émotion, subtile et délectable. D'un graphisme spartiate, où le trait économe, parcouru de hachures brutes telles des éclisses noires, enserre et magnétise la surface blanche, l'univers de Klas Katt nous montre des personnages perdus dans un quotidien urbain qui les étouffe. Représentés, selon la tradition animalière, sous forme de bestiaire plus ou moins hybride, à la croisée de Mickey Parade et d'Eraserhead, les protagonistes s'interrogent sur leur condition, oscillant continuellement entre angoisse, mélancolie, petits bonheurs et dépression. A travers une mise à plat sérielle et ironique des contingences humaines, l'auteur nous renvoie à nos propres flottements existentiels, et l'effet miroir s'avère saisissant : rarement on aura brossé avec une telle justesse les leurres, fuites et autres replis en vigueur dans nos sociétés occidentales actuelles, la vacuité et les dérives de conditionnements collectifs si envahissants que toute quête de sens individuelle peine à trouver quelque écho, quelque lumière. Dans Klas Katt, la mort est souvent évoquée comme la délivrance d'une vie quotidienne lacunaire, dont la seule échappatoire terrestre semble résider dans le sommeil et le rêve… Cependant, loin de casser gratuitement l'ambiance et d'encourager nos tendances les plus dépressives, Gunnar Lundkvist parvient au contraire à nous réconcilier avec ces lucidités a priori sombrissimes, ici transcendées en un partage universel fustigeant l'incommunicabilité, non sans humour, au bénéfice de la reconnaissance mutuelle.
Sauvé par cette tendresse douce-amère, on ressort de Klas Katt désarmé, la larme à l'œil et le cœur souriant.

Olivier Josso.