Val Williams : Martin Parr
Phaidon, 352 pages, 75 euros
Les réunions Tupperware vous font marrer ? Alors Martin Parr est le photographe qu'il vous faut. La maison Phaidon a édité la rétrospective de ce chercheur du "détail qui tue", lui qui se plaît à errer au milieu des touristes et adeptes de supermarchés. Au total 550 images qui n'en finissent pas de constater les dérives de la consommation. Cette satire sociale met l'accent sur le mauvais goût, le fanatisme, le conformisme, l'ennui, la sur-bouffe… toujours dans un même esprit de dérision. Ce photographe britannique, membre de l'agence Magnum, est doté d'un cynisme et d'un sens de l'humour irrésistibles. Et puisqu'il ne se place pas au dessus des autres, Martin Parr, moqueur mais pas présomptueux, se met lui aussi en scène dans des situations absurdes et cocasses.
Ce livre rassemble aussi ses photographies des années soixante-dix, à commencer par la série Home Sweet Home aux tapisseries chargées de fleurs. Suivent les images noir et blanc où l'on découvre les habitants de June Street en Angleterre, assis en famille dans leurs salons respectifs, avec l'étrange uniformité des aménagements d'intérieurs. Et puis il y a aussi ses clichés très composés… et non, Martin Parr n'a pas toujours été à la recherche des gros plans crades que certains peuvent trouver "faciles".
Cette rétrospective étonne sur l'intégrité de l'auteur. A la tête de trente et une monographies, sa distance au sujet est sans doute ce qu'il y a de plus troublant. Il laisse le spectateur dans un état mêlant la consternation et l'hilarité, sans pourtant inciter à la haine du "citoyen moyen". Nos comportements ridicules et quotidiens, Martin Parr les aime et s'en nourrit. Ses choix chromatiques accentuent évidemment l'effet souhaité, notamment pour la série Common Sense avec le surplus des matières grasses. Cette mise en couleur de nos modes de vie vaut absolument le détour.
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