Solbakken : Zure Botoa Un bon petit disque de derrière les fagots que ce Zure Botoa. Pas vraiment une nouveauté. Pas vieux comme mes robes non plus. Mais bon, vu que le groupe va quitter sa Hollande natale pour se faire des tournées et que ce troisième album n'a pas vraiment joui d'un plan marketing carabiné, on va leur mettre le couvert. Alors voilà, ça démarre un peu comme de la chanson, avec même un petit côté De Kift. Pas parce qu'il y aurait des cuivres, non. Mais pour le son clair des guitares et certains riffs, limpides. Et à cause des intonations de voix aussi. Voix qui soit dit en passant sont en anglais pour Solbakken. Puis, comme pour étoffer le côté épuré de sa musique, le groupe s'applique à développer autour de ses morceaux, un univers dense, sombre et pessimiste. Marqué du sceau de l'underground new-yorkais des eighties. Mais contrairement aux Strokes ou autres Interpol, il ne s'agit en aucun cas d'un pompage lissé et polisson d'idoles et d'aînés - où l'on recrache l'ABC du CBGB - mais plutôt d'inspirations et influences digérées. Et donc, derrière une simplicité apparente, des chansons (beaucoup de textes, parmi lesquels - quel bon goût ! - un poème de Bukowski), comme des toiles d'araignées… fragiles, belles, mais d'une architecture complexe et d'une efficacité redoutable. Le trio basse, guitare, batterie, s'accompagne par endroits pour atteindre ce délicat équilibre d'un violon ou/et d'un piano. Et on traverse les onze morceaux de ce Zure Botoa guidé par deux chants fascinants qui se répondent l'un l'autre, en prenant conscience de sa clarté et de son insoupçonnable ampleur à chaque nouvelle écoute. |