Deerhoof : Reveille Greg Saunier. Satomi Matsuzaki. Enigmatique duo américain aimant brouiller les pistes à chaque parution d'album. On se perd en recoupements. Des débuts très bruyants et soniques dans le rayon lo-fi, Deerhoof évolue sagement mais sûrement vers une musique déglinguée, délicieusement perverse et malicieusement bancale. Aidé dans sa tâche sur ce cinquième album par le guitariste John Dietrich (ex-Colossamite, Gorge Trio), Deerhoof se rapproche de plus en plus de la scène pop-noise new-yorkaise, Blonde Redhead et Sonic Youth en tête. Ne serait-ce que la voix de Satomi, émoustillant filet vocal haut perché qui pousse au vice des chansonnettes qui cachent bien leur jeu. Car sous leurs dehors de grands enfants touche à tout, Deerhoof a l'esprit largement plus aventureux et inventif que Blonde Redhead. Une fois grattée la première couche, se dessine un monde où les sucettes ont goût de pastis, les menthes à l'eau coupées au whisky. Les rythmes dévient de leur ligne, les compositions partent en zigzags, les cacophonies succèdent aux mélodies faussement enfantines. L'orchestration et les arrangements de bric et de broc marquent une vraie volonté de se démarquer des sentiers battus. Et là, Deerhoof excelle, se lâche, ne se contente de rien et veut tout à la fois. Logique dans sa dispersion. Seize morceaux impressionnistes, jouissifs et très variés. Une saine bouffée d'air frais. SKX.
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