Sebastian Haffner : Histoire d’un Allemand, souvenirs 1914-1933 Sebastian Haffner, historien allemand réputé, est mort en 1999, laissant derrière lui, non publié, ce texte limpide écrit en 1939, alors qu'il était exilé à Londres. D'une plume concise et précise il nous raconte son "bildungsroman" (roman d'éducation) : sa jeunesse berlinoise dans les années 20. Les années d'après-guerre, cette grande guerre que toute une génération de petits garçons a vécue comme un gigantesque jeu ; or "la génération nazie proprement dite est née entre 1900 et 1910. Ce sont les enfants qui ont vécu la guerre comme un grand jeu, sans être le moins du monde perturbés par sa réalité." En 1923, passe un illuminé fantoche, qu'on croit fini après son putsch manqué : Adolf Hitler. Pourtant la société montre des signes inquiétants : l'importance démesurée accordée aux manifestations sportives, l'assassinat de Rathenau (Ministre des Affaires étrangères) en 1922, puis la disparition en 1929 de Streseman (Chancelier puis Ministre des Affaires étrangères), laissant les Allemands vulnérables. Progressivement l'idéologie s'insinue dans le pays. Haffner voit avec stupéfaction un organe de presse dont il a été proche, être gangrené par les théories brunes. Il lui est de plus en plus difficile de se réfugier dans le travail, les amis, les valeurs auxquelles lui et ses proches continuent de croire - car leur vie privée est envahie par l'Histoire. Inéluctablement semble-t-il, les Nazis assoient leur pouvoir délétère. |