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L'Oeil électrique #27 |

> C’EST BEAU LA VIE
+ Les voyages forment la jeunesse

> PORTRAITS
+ Kawai Kenji, musicien animé

> SOCIÉTÉ
+ Rony Brauman : L’Ethiopie, Arendt et moi
+ Yves Winkin vole au-dessus d'un nid de chercheurs

> LITTÉRATURE
+ Serge Rezvani,­ artiste pluridisciplinaire ­

> VOYAGE
+ Madagascar: de retour à antananarivo
+ Thaïlande : militantes à yadfon

> PHOTO
+ Song Chao, photographies au fond de la Chine

> CINÉMA
+ Fanta Regina Nacro, réalisatrice burkinabée

> NOUVELLE
+ Les sept jours décisifs de la vie de Maxime Padd

> TEXTO
+ Une journée comme les autres

> 4 LIVRES : 4 BANDES DESSINÉES AUTOBIOGRAPHIQUES
+ Olivier Josso : Douce confusion
+ Nakazawa Keiji : Hadashi no Gen
+ Joe Matt : Peep show
+ David Libens : De l’Autre Côté : Recto-Verso #1

> BOUQUINERIE
+ Ikeda Riyoko : La Rose de Versailles
+ François Maspero : Les abeilles et la guêpe
+ Taniguchi Jirô/Sekikawa Natsuo : Quartier lointain, tome 1/ Au temps de Botchan, tome 1
+ Soazig Aaron : Le Non de Klara
+ Martin Winckler : Les Miroirs de la vie – Histoire des séries américaines
+ Frédéric Pajak : Première partie

> NOUVEAUX SONS
+ André Minvielle & Serge Pey : Nous sommes cernés par les cibles
+ Calla : Televise
+ Ernst Reijseger & Franco d’Andrea : I Love You So Much it Hurts
+ Moller Plesset : Rather Drunk than Quantum
+ Spaceways Inc. : Version Soul

> ACTION
+ Lézards politiques

4livres

Joe Matt : Peep show
1997, Les humanoïdes associés

Parler de soi, c'est, si l'on veut, se mettre en danger. L'auteur de Peep-show ne lésine pas de ce côté-là : rien ne nous est épargné - ni ses rêveries infantiles, ni ses conversations futiles, vautré sur son lit, avec ses copains, sur les mérites comparés de tel ou tel échantillonnage de leur collection, ni ses masturbations le long d'après-midi improductives. Nous n'ignorons rien non plus de ses accommodements égoïstes avec la jeune femme qui, avant de le quitter définitivement, aura eu le courage et l'abnégation - alors même qu'il fantasme comme un grand dadais d'adolescent sur une de ses copines à elle - de l'aimer. En quête d'un idéal féminin très calibré, mais réduit à un silence intimidé et rougissant dès qu'il croise celle qu'il décrète aussitôt comme la femme de sa vie, cet anti-héros se débat entre libido envahissante et sentimentalisme puéril. Ces "conquêtes" improbables s'avèrent d'ailleurs généralement indisponibles - quand ce n'est pas la collègue de sa copine, c'est la petite amie d'un de ses fans devenu un bon copain… Tout cela n'est pas très bon pour le moral et Joe Matt va de déconvenue ridicule en piteux échec, épaulé et morigéné à la fois par Chet (Chester Brown), son meilleur pote dessinateur, exégète complice de la vie de son copain. Depuis le départ de sa petite amie, qui le laisse encore incrédule, les journées de l'auteur sont longues et déprimantes dans le petit appartement, que viennent seulement égayer quelques coups de fil propices à de complaisantes confidences, une vidéo X par-ci par-là, et la visite impromptue des propriétaires du dessus, âgés, ceux-là mêmes qui prêtent à Matt leur magnétoscope…
Obsédé sexuel à tendance monomaniaque - il n'aime que les filiformes métisses - égocentrique épuisant, sempiternel adolescent, velléitaire, il est le type même de l'homme devant lequel toute femme sensée doit partir en courant. Mais oser raconter tout ça, oser se montrer aussi veule et souvent grotesque, rend Joe Matt non seulement hilarant - on m'avait dit : "les femmes grincent des dents devant ses BD," alors que non, c'est très drôle au contraire ! - mais aussi infiniment proche. Sans laisser au lecteur le loisir de se sentir supérieur ni motiver en lui un sentiment de pitié malsaine, l'autobiographe lui permet plutôt de scruter ses propres défaillances et petitesses. Après tout, qui sommes-nous pour le juger ? Tel est plutôt le genre de réflexion que l'on se fait à soi-même en quittant Joe Matt.