Sicbay : Overreaction Time Les chemins les plus impraticables sont devenus dégagés. Sicbay ne débarque pas de nulle part. Ces trois musiciens n'en sont pas à leur premier fait d'armes, notamment Nick Sakes, figure de proue au sein de Dazzling Killmen et Colossamite, postes avancés au milieu des années 90 d'une scène noise-rock américaine exigeante. Mais avec le nouveau millénaire et la trentaine dépassée, le trio Sicbay trouve la voie de la sérénité. Loin des effluves décibelliques et de la complexité rythmique de leurs précédents projets, ce second album de Sicbay continue d'afficher sa force tranquille. Tout est dans le titre. En ces temps de réactions excessives, Sicbay choisit le contre-pied. Une batterie, deux guitares et ce grain de voix inimitable de Sakes. Un minimum d'effets, à peine la queue d'un piano, l'habillage est sobre. La tension est sans cesse palpable : ne croyez pas non plus que l'on ait à faire à des mous du genou. Leur passé n'est pas si loin. Mais tout est contenu et maîtrisé. Un disque d'artisans, au sens noble du terme. L'amour du travail bien fait. L'écriture, et seulement l'écriture, est mise en avant, sans esbroufe, à la seule force du poignet. L'art de composer douze pièces courtes, aux mélodies justes et imparables, tour à tour énervées ou remplies d'une mélancolie au calme trompeur. Un charme simple qui ne vous saute pas à la gorge mais se bonifie au fil des écoutes. Inclassable et loin des modes. Sicbay ne triche pas, se dévoile avec pudeur et offre tout simplement un album de rock intemporel qui a de l'âme et du nerf. Xavier Jagu.
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