
Adrian Tomine : Blonde platine
Seuil, 132 pages, 15 euros
Les quatre récits réunis ici sont extraits d'Optic Nerve, comics autobiographiques d'Adrian Tomine publiés par l'éditeur canadien Drawn Quaterly. Ils ont été rassemblés par celui-ci sous le titre de Summer Blonde.
Depuis ses premiers récits clairement autobiographiques, Adrian Tomine explore les courts récits de fiction - des nouvelles en bande dessinée. Si son dessin s'approche de celui de Daniel Clowes (Ghost world, Caricatures), ses personnages sont et demeurent complexes, jamais entièrement définis, en formation. Pas de monstres, mais des vies que l'on devine plus ou moins. Tomine met en scène des adolescents ou de jeunes adultes américains, chacun à leur manière en marge de leur entourage direct, et surtout de l'American Way of Life traditionnelle. Des histoires sans drames, mais tissées de micro-événements qui sont autant de traces d'un passage, ou d'une insertion plus ou moins facile dans le "monde adulte".
Quatre histoires : un jeune écrivain prometteur traverse une crise d'inspiration, un maquettiste de petites annonces cristallise ses désirs sur une vendeuse de cartes postales, une jeune métisse chinoise occupe son chômage en faisant des canulars téléphoniques, et deux adolescents se lient d'amitié en se découvrant "en marge" de leurs camarades de collège.
Quatre récits entre chien et loup, où la ligne claire donne vie aux personnages. En semant des indices discrets, en mettant en scène ses personnages dans diverses situations de leur vie sociale, amoureuse ou familiale, Tomine permet à son lecteur d'en saisir quelques facettes, d'en deviner d'autres, mais n'impose rien. Il l'oblige en revanche à solliciter ses propres désirs, ses propres souvenirs pour donner un sens à sa lecture. Bandes dessinées de la complexité des relations et des personnes, les histoires de Tomine ne s'achèvent jamais vraiment, elles laissent leur lecteur en suspens et se poursuivent ailleurs.
Claire Aubert.
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