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L'Oeil électrique #30 |

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4livres

Nicolas Bouvier : L’usage du monde
1963, Droz (Payot)

L'Usage du monde relate le périple de deux camarades entre la Yougoslavie et l'Afghanistan. Nous sommes au début des années 50 et Nicolas Bouvier, journaliste suisse âgé de vingt-trois ans, va rejoindre à Belgrade son camarade Thierry Vernet, vingt-six ans et peintre de son état. Ils décident de faire cap à l'Est et d'emprunter, bien avant le mouvement hippie, la route des Indes. Cette expédition les amènera à traverser la Macédoine, Constantinople, Ordu, Erzerum (en Anatolie) puis la Grèce et la Turquie. Il passeront l'hiver à Tabriz, et rejoindront Téhéran, Ispahan, Shiraz, Kerman (en Perse) avant d'atteindre Quetta (au Pakistan) et enfin Kaboul, où leurs routes se sépareront après dix-sept mois de pérégrinations diverses.
Bien entendu, le propos, minimaliste, est riche d'histoires, de paysages, de couleurs, d'odeurs… mais pour Bouvier, le voyage est un exercice de disparition et non pas uniquement un moyen de s'enrichir. "Le voyage fournit des occasions de s'ébrouer mais pas - comme on le croyait - la liberté. Il fait plutôt approuver une sorte de réduction ; privé de son cadre habituel, dépouillé de ses habitudes comme d'un volumineux emballage, le voyageur se trouve ramené à de plus humbles proportions. Plus ouvert aussi à la curiosité, à l'intuition, au coup de foudre." Par là, l'auteur annonce également ce que le voyage ne doit pas être ; à savoir un moyen de découvrir ou de se découvrir. Il écrit "après coup" (trois années après le déroulement des faits) dans un éloge de la lenteur. "Nous nous refusons tous les luxes, sauf le plus précieux : la lenteur." Un temps long qui est aussi celui de la réflexion. Notion qui participe à une sorte d'entreprise de "déconstruction" du récit de voyage et un travail de sape de sa composante principale : l'imaginaire.
Malmené, le voyage littéraire commence à se réinventer. L'écriture du voyage évoque le désenchantement et la perte de soi. Le voyage n'est plus perçu comme un moyen de s'enrichir, mais plutôt comme un acte de dépossession. Il invite à interroger nos rapports à l'Autre et enjoint l'Occidental à ne plus façonner le monde à son usage.