Jean-Michel Thiriet : Mémoires courtes Après avoir chamboulé la donne de la création en bande dessinée ces 10 dernières années, l'autobiographie paye aujourd'hui le tribut propre à toute institutionnalisation : ronron auto-satisfait et dilution consanguine, ultimes paradoxes d'une écriture basée sur l'urgence et la singularité. Heureusement, au coin du bois, subsiste toujours une baie sauvage pour réveiller nos papilles endormies de trop fades lectures. Ainsi, à contre-courant des bavardages incontinents, c'est par son laconisme brut que nous cueille Jean-Michel Thiriet. Premier essai autobio de cet ex-pilier du mensuel Fluide Glacial, Mémoires courtes fait mouche en tricotant pêle-mêle un patchwork de souvenirs où l'émotion le dispute à l'hilarité. Dans un joyeux désordre chronologique, l'auteur remonte le cours des micro-évènements qui jalonnent l'existence : fixettes de l'enfance, idylles adolescentes et petits boulots erratiques se téléscopent ici en un zapping truculent, chats, scouts, haschich, solex et princesses ligotées participant (entre autres) d'une même mixtion aléatoire, dont la sensibilité contenue n'est pas le moindre ingrédient. Côté dessin, le trait nerveux de Thiriet se pose comme un modèle d'efficacité synthétique où, au parfait service du propos, l'expressivité pure ne sacrifie jamais à la fanfaronnade graphique. Olivier Josso.
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