Les Années douces : Hiromi Kawakami Représentative de la nouvelle génération, ancrée dans le Japon contemporain mais possédant la qualité de ton et d'écriture d'autrefois, Hiromi Kawakami donne et trace, dans Les Années douces une géographie sentimentale très poétique. Tsukiko, l'héroïne, croise dans un café son ancien professeur de japonais. Presque chaque soir, ces deux personnages vont se retrouver dans le même troquet et effacer les années qui les séparent. Chaque rencontre sert de test à leur amour naissant. Au-delà des hauts et des bas qui marquent leur relation, ce sont les petits riens de la vie quotidienne qui sont transfigurés par l'écriture, ainsi que les moments d'approche, de découverte de l'autre et de bonheur partagé. Hiromi Kawakami donne à voir le temps qui passe, la fragilité des instants heureux et témoigne de la sensibilité d'une certaine catégorie de Japonaises : les indépendantes d'aujourd'hui. Dans ce roman d'amitié et d'amour, figure une somme d'interrogations essentielles. Ecriture très travaillée, élégante et limpide, phrases sobres et justes, caractérisent ce texte. Pas de métaphores agaçantes ni de termes trop sucrés. L'intrigue tient en peu de mots tandis que le plaisir du lecteur réside dans les émotions et les vérités exprimées. Hiromi Kawakami est attentive à débusquer sous la légèreté des propos, les passions qui frémissent, les craintes et les aspirations de ses personnages. Un bel exemple de narration selon Kawakami, qui excelle habituellement dans l'art de la nouvelle, et se distingue des écrivains japonais de son époque, désillusionnés, emportés par une écriture violente et un langage très cru. Ce qui ne l'empêche pas d'être impertinente, drôle et très moderne. Pascale Pineau.
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