La Huasteca : Danses et Huapangos Le monde a plusieurs trous du cul. Equitablement répartis sur la planète, on en trouve quelques-uns au Mexique. Bien avant l'existence de l'industrie musicale moderne, et donc hors de ses contingences, les cultures traditionnelles se sont perpétuées dans la boue et la poussière des champs. C'est là qu'est né le huapango, terme générique recouvrant une importante variété de musiques populaires mexicaines dansées sur une estrade. L'authenticité et la subtilité de leur développement harmonique et rythmique semblent parfois proportionnelles au degré de pochetronnerie des évènements qu'elles accompagnent. Il est vrai que les syncopes ternaires endiablées invitent au déséquilibre. Déjà au dix-septième siècle, nous apprend le livret explicatif fort détaillé, les fêtes durent de l'après-midi au petit matin dans des débits de boissons appelés pulquerias et sont régulièrement frappées d'interdiction pour immoralité. Bref, on chante et on danse l'amour, l'alcool, le drame, le maïs et la révolution. Violons, guitares percussives, voix haut perchées, flûtes, harpes et tambours confinent tantôt à la transe, tantôt à la mélancolie. Si l'aspect sacré de la musique et de la danse amérindiennes remonte au moins aux Aztèques, leur couleur est historiquement liée aux conquérants espagnols et à la musique noire. On songe aussi aux musiques manouche, cajun, bretonne, cubaine et j'en passe. A croire finalement que le monde n'est qu'un seul et grand trou du cul. |