Franck O’Connor : Le visage du mal " Mon cœur était empli de pitié pour ce pauvre Mr Riordan, qui avait essayé d'être mon père ; mais même au niveau terre à terre où se plaçait Mère pour en parler, l'argent m'aurait été très utile. Je n'aimais pas mon père au point de penser qu'il valait onze mille livres, somme que j'avais du mal à me représenter, mais qui était plus de 27 fois supérieure au plus gros salaire dont j'avais jamais entendu parler : celui d'un membre du parlement. A cette époque, j'étais en train de découvrir, entre autres, que Mère était non seulement assez dure de cœur, mais aussi totalement dépourvue d'esprit pratique. " Contrairement à ce que pourrait laisser penser son titre, Le Visage du mal n'est pas un livre de science-fiction ou autre ouvrage fantastique. Bien au contraire, les 13 nouvelles qui composent ce recueil sont solidement ancrées dans l'Irlande de Frank O'Connor, et puisent leur source dans son histoire relationnelle : la relation à la religion, la relation au bien et au mal, mais surtout les relations qu'un enfant entretient avec ses parents ; à l'évidence, voilà une question sur laquelle O'Connor a dû passer pas mal de temps à réfléchir… Avec un humour déroutant au premier abord, mais qui vous envahit peu à peu, et vous conquiert définitivement, O'Connor construit des nouvelles alambiquées où le particulier et le quotidien permettent de toucher à l'essentiel - des petites histoires de l'Irlande où sont mis en scène des personnages extrêmes, souvent décalés, parfois mystiques, toujours pittoresques et attachants… des gens qui se posent des questions. Un auteur de la première moitié du 20ème siècle à redécouvrir. Marc Babaud.
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