Tom Waits : Mule Variations Après les excellents Bone Machine (1992) et The Black Rider (1993), le faramineux Tom Waits n'avait rien sorti de nouveau depuis 6 ans. Aussi, le moins qu'on puisse dire de Mule Variations, c'est que c'était un album très attendu. Et évidemment, surprise : le bonhomme n'est pas là où on l'attend. Autant les dernières productions étaient déjantées et explosives, autant ici Tom Waits revient à ses premières amours, à ses premiers albums… mais passés à la moulinette du son de ses productions les plus récentes. A savoir des morceaux lents, poignants, une ambiance de blues langoureux, avec le bricolo instrumental et les sonorités que Tom Waits a développées depuis Swordfishtrombone en 1983. Oubliez tout ce que je viens de dire pour Big in Japan, qui ouvre l'album - une petite bombe de morceau soul à la James Brown, mais avec le son fracassé de Tom Waits : une ambiance lourde et chaude, des bouts de métal qui font du bruit, et un groove à vous mettre sur les genoux. Les morceaux qui suivent sont, eux, plus à l'image de la pochette : un air de vieille photo nostalgique, une atmosphère de vieux blues, avec des morceaux clins d'œil à d'énormes standards : Get Behind the Mule évoque particulièrement Fever, et Cold Water fait beaucoup penser à Honky Tonk Women des Rolling Stones. Tom Waits transcende l'héritage musical, et paradoxalement, lui insuffle de nouveaux souffles de vie en lui appliquant sa patte si caractéristique, ses sonorités 100% sans additifs, et sa voix déchirée qui dégage ici une émotion insoupçonnée. D'aucuns pourront regretter ce " sentimentalisme ", moi je m'assois, je monte le son, et je me retrouve dans un champ de coton, au détour d'une grange abandonnée… Il y a des sons de vieux vinyles qui tournent, des percussions qui vous résonnent dans la tête, le chant d'un coq, des harmonicas insidieux, un épouvantail à l'intérieur de la pochette, un piano tout droit sorti d'un saloon… Des ambiances ultra classiques auxquelles Tom Waits donne toute l'extravagance et la profondeur de sa personnalité. A mon avis, un disque indispensable. |