Warning: mysql_num_rows(): supplied argument is not a valid MySQL result resource in /mnt/153/sda/7/9/oeil.electrique/magazine/php/en-tetes.php on line 170
L'Oeil électrique #13 | Photo / Michel Bousquet: une jeunesse à Beyrouth

> C’EST BEAU LA VIE
+ C’est beau la guerre

> SOCIÉTÉ
+ L’oeil du douanier
+ Précis périssable de sujets fâcheux
+ Robert Fleck
+ Michel Steiner

> BANDE DESSINÉE
+ Emmanuel Guibert

> LITTÉRATURE
+ L’Enfer de la bibliothèque nationale

> VOYAGE
+ Albanie, année zéro

> PHOTO
+ Michel Bousquet: une jeunesse à Beyrouth

> CINÉMA
+ René Vautier

> MUSIQUE
+ Scanner

> NOUVELLE
+ Pour l’avenir d’un soldat

> 4 LIVRES : "CENSURE"
+ François Rabelais : Oeuvres complètes
+ Mikhaïl Boulgakof : Le Maître et Marguerite
+ Alexandre Soljenitsyne : Une journée d'Ivan Dénissovitch
+ Louis Calaferte : Septentrion
+ Amine Zaoui : La Razzia

> BOUQUINERIE
+ Yves Pagès : Petites natures mortes au travail
+ Antonio Lobo Antunes : L’ordre naturel des choses
+ François Ayroles : Notes Mésopotamiennes
+ Howard Fast : Mémoires d'un rouge
+ SH Fernando Junior : The New Beats
+ Fabrice Neaud : Journal (III)

> NOUVEAUX SONS
+ Djeli Moussa Diawara et Bob Brozman : Ocean Blues (from Africa to Hawaï)
+ The Creators : The Weight
+ St Germain : Tourist
+ Divine Styler : Word Power 2 : Directrix
+ Chips & Cheers : Blue Note Mix Tape Vol 1
+ Quickspace : The Death of Quickspace
+ Dupain : L’Usina
+ Gonzalez : Gonzales über alles
+ Improvisators Dub meets The Disciples : Dub & Mixture

> HTTP
+ Le Monde diplomatique
+ Amon Tobin

> PLATES-FORMES
+ Le dilletante

> REVUES
+ Terminal
+ Dada

> ACTION
+ GlobeNet

Par Arno Guillou, Stéphane Corcoral.

Michel Bousquet est parti à Beyrouth en 98-99 pour réaliser un reportage photographique noir et blanc sur la jeunesse de cette ville, dans le cadre de la collection Avoir 20 ans…, aux éditions Alternatives. Avoir 20 ans dans la capitale du Liban, ça veut dire être né en pleine guerre civile (1975-1989). Cela veut aussi dire être confronté aux mêmes désirs qu'ailleurs, sortir, s'amuser, avec une certaine insouciance, et toujours en filigrane des immeubles détruits et des impacts de balles sur les murs.

Avant d'aller au Liban, quels a priori avais-tu sur ce pays ?
Comme tout le monde je pense. Dans la vie de tous les jours, quand on utilise l'expression "C'est Beyrouth !" pour dire qu'on a l'impression que la guerre est passée par là, c'est cet a priori là que j'avais. Ma première arrivée à Beyrouth, de nuit, s'est faite par une rue qui relie l'aéroport au centre, un ancien théâtre d'opérations militaires… Mais bon, Beyrouth, c'est le mélange de plein d'autres choses.

Comment as-tu travaillé avec l'auteur du texte du livre, Iskandar Habache ?
Je l'ai rencontré lors de mon deuxième voyage, on a discuté, et j'ai proposé à l'éditeur d'intégrer ses textes au livre, mais les deux travaux sont indépendants. J'aimais bien son parcours, il a travaillé dans un journal pluriconfessionnel, il est resté à Beyrouth pendant la guerre… Pour moi, il a un regard avec une certaine distance sur tout ce qui s'est passé, et le fait qu'il soit libanais lui permet de donner un point de vue de l'intérieur. La situation là-bas est faite de grandes lignes politiques, économiques, etc. Mais lui, dans son texte, parle de petits détails qui sont difficiles à comprendre pour un Occidental.

Pour ce qui est des photos, comment les gens ont réagi face à l'appareil ?
Très bien globalement. Le seul endroit un petit peu difficile, c'est au sud de Beyrouth, dans les quartiers du Hezbollah. La police dans ces endroits, ce n'est pas la police libanaise, c'est le Hezbollah. Ils m'ont arrêté et empêché de photographier : ils ont toujours peur que ce soit des espions israéliens qui viennent prendre des renseignements militaires. Les quartiers sud sont encore pas mal détruits, ce sont des quartiers pauvres : on m'a raconté que le Hezbollah prenait en charge beaucoup de choses ; il a des dispensaires, des hôpitaux, il reloge des gens du sud. Il prend en charge beaucoup de gens… C'est un peu un état dans l'état.

D'après ce que tu as vu, comment les jeunes vivent la situation politique au Liban ?
Lors de mes premiers voyages, je me suis dit qu'ils ne s'intéressaient qu'au sport et à rien d'autre, j'étais assez étonné. Lors du dernier voyage, j'en ai trouvé quelques-uns qui s'intéressaient à la politique, qui luttaient pour le sud, contre Israël… Mais c'est plus facile au Liban de faire des manifestations autour d'un événement sportif que politique. Alors, vu de l'extérieur, c'est évident qu'ils ont l'air de se lâcher plus sur le sport : ils peuvent aller où ils veulent danser et chanter quand une équipe de foot a gagné. Après, si c'est pour aller défendre une idée politique, ça va être plus compliqué. C'est un pays où la police est très "présente".

Comment fonctionnent les différentes communautés les unes par rapport aux autres, Musulmans, Druzes, Maronites… ?
Les jeunes Musulmans, Chrétiens, Druzes qui font des études vont se retrouver mélangés. Pour eux, je crois que les confessions ne sont pas très importantes, ils s'en foutent un petit peu. Maintenant, en dehors de la vie universitaire, les quartiers sont distincts, et familialement, j'ai l'impression qu'il y a une séparation : il y a très peu de familles mixtes. Autre chose : quand j'y étais, les mariages mixtes se passaient à Chypre ; comme le mariage est religieux au Liban, les chefs religieux ne mariaient pas deux personnes de religions différentes. Ce n'est que depuis très récemment, deux ans je crois, qu'il n'y a plus inscrit sur la carte d'identité la communauté religieuse à laquelle appartient telle ou telle personne…

On sent dans ton reportage une certaine insouciance chez les jeunes que tu as photographiés, malgré ce que tu viens de nous expliquer, malgré les stigmates de la guerre sur la ville, les immeubles…
Certainement, ils sont comme partout dans le monde à cet âge, ils ont envie de s'amuser, de se révolter… Mais au fond, ils ont tous vécu la guerre directement ou indirectement, et son histoire est ancrée en eux.

"Les jeunes Libanais sont aujourd'hui soit cantonnés dans leur milieu confessionnel, soit noyés dans des loisirs qui les écartent complètement du réel. J'essaie souvent d'imaginer l'avenir de ce pays. Lorsque ces jeunes vont avoir le pouvoir, il est certain que nous assisterons à une autre guerre civile."
Extrait du texte d'Iskandar Habache

Avoir 20 ans à Beyrouth, Alternatives
Michel Bousquet fait partie du collectif photographique Revue.com - www.revue.com