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L'Oeil électrique #14 | Photo / Thimoty Mason

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Par Arno Guillou, Lionel Boscher, Romain Guillou.

Où as-tu pris cette photographie ?
A Milwaukee. C’est, ou c’était, la capitale de la bière. Sur les bord du lac Michigan au nord de Chicago, la ville semble végéter sur les restes d’une splendeur industrielle passée.

Pourquoi as-tu pris cette photo ?
Un type rencontré dans un bar (Happy hour avec bière à 25 cents)… Il a voulu "m’inviter" à manger à l’armée du salut. Je l’ai suivi, après le repas j’ai demandé s’il y avait des foyers en ville où je pourrais faire quelques photos.

Comment les gens sur place t’ont perçu, accepté ?
Les hommes sous le porche étaient très sympas. Ils sont décontractés, on se croirait en Louisiane ou quelque chose comme ça. Le Black avait séjourné en Lorraine, je crois, comme militaire... Une autre photo prise à l’intérieur m’a valu un peu plus d’animosité et une bousculade, sans doute parce qu’on n’aime pas toujours être pris en photo, quand on vit là...

Le résultat, une fois développé et tiré, correspond-il à ton attente ?
Mis à part les aléas techniques dus au fait que l’appareil est un prototype que j’ai réalisé, le résultat comporte toujours une part de promesses tenues, de déceptions et de >bonnes surprises. Celle-ci entre dans la première catégorie.

Tu peux expliquer le principe de l’appareil que tu avais fabriqué ?
J’ai modifié un vieux boîtier d’appareil photo : j’ai changé le dos de l’appareil, là où on charge la pellicule. Tout l’appareil est ensuite monté sur une platine qui tourne sur elle-même à 360° (un tour complet) et qui entraîne la pellicule dans sa rotation : la pellicule défile en même temps. L’appareil met 4 secondes pour faire un tour complet. Au moment où tu enclenches, les gens croient que tu es encore en train de t’installer.

Tu es resté longtemps à travailler sur ton appareil panoramique 360° ?
Beaucoup trop longtemps pour le résultat ! J’ai dépensé beaucoup d’argent, de temps… Là, je suis reparti plus doucement sur la construction d’un autre. J’avais l’idée de faire la même chose en moyen format. Ce qui m’a mis la puce à l’oreille par rapport à la construction d’un appareil panoramique à 360°, ç’a été la rencontre avec un opticien bruxellois qui en construisait lui-même, c’était son dada ; sa maquette traînait sur mon étagère et puis, un jour, je me suis dit : "Allons-y." Je croyais que j’allais le réaliser en bois et carton pour faire quelque chose de simple et j’ai terminé avec des moteurs suisses d’aérospatiale, un mécanicien me faisait des pièces au centième de millimètre…

Comment tu t’es lancé dans la photo ?
J’ai fait les Beaux-arts de la Villa Arson, à Nice. Quand j’ai débuté la photographie, il n’y avait pas de profs de photo, seulement du matériel, alors j’ai commencé à bricoler : ça me plaisait plus que les pinceaux. La première série que j’ai commencée à faire était réalisée à partir d’un sténopé (un appareil photo extrêmement simple à fabriquer, composé d’une boîte noire, l’objectif n’étant pas composé de lentilles mais d’un simple trou d’aiguille). C’était déjà un amusement, une curiosité photographique ; ensuite, j’ai fait une série de photogrammes avec les documents imprimés en mélangeant texte et images, et puis l’année dernière, je me suis mis en tête de fabriquer un appareil panoramique à 360° avec lequel je suis parti aux états-Unis.

D’autres photographes ont travaillé sur le panoramique. As-tu des références quand tu réalises ce genre d’images ?
Assez peu. J’aime la photographie du dix-neuvième siècle : Atget, Marville, les vieux photographes paysagistes. En gros, la photographie documentaire du dix-neuvième siècle : elle avait beaucoup à voir avec l’art. Quand tu vois les tirages d’époque, c’est phénoménal : Atget, Le Secq… Imagine-les dans les Alpes ou en Egypte, avec une cohorte d’ânes chargés de matériel, de plaques sensibles, de tentes, tout ça pour faire des photos. Aujourd’hui, on est incapable de faire aussi bien. Tu peux faire mieux, mais pas aussi bien que ça, en reprenant des techniques similaires.

Quel est ton rapport à la technique ?
Il y a une phrase de Walter Benjamin qui dit : "C’est le rapport du photographe à sa technique qui détermine l’image." Aujourd’hui, tu peux rentrer dans un magasin de photo avec 20.000 francs en poche et en sortir avec un super Leica, avec une optique de folie, ou un Nikkon F5… et t’as un appareil de pro. Et si t’es pas mauvais, tu feras de très bonnes photos avec. Actuellement, c’est donc possible de faire totalement abstraction de la technique, d’appuyer sur un bouton et n’être bon qu’à cadrer ou saisir l’instant. Mais à mon sens, la technique reste présente : chaque choix que tu fais influence ton résultat, le matériel avec lequel tu travailles, si tu as un pied ou non, si tu as un appareil qui prévisualise ta visée ou si tu travailles à la chambre noire, sous ton drap, où tu dois imaginer le résultat avec l’image à l’envers. Encore plus si tu travailles au sténopé, tu n’as aucune possibilité de voir ton résultat. Tes procédés déterminent donc ton résultat. Et c’est dans ce sens que je reste attaché à des procédés anciens qui te permettent d’aborder un sujet différemment.

Charles Marville (1816-1879)
Dessinateur et photographe, il utilise le calotype et le collodion (les premiers processus permettant d’obtenir des négatifs), publie des vues de Paris et d’Allemagne et réalise un reportage sur le centre de Paris en cours d’aménagement.

Eugène Atget (1856-1927)
Reprenant le projet documentaire de Marville, il photographie les quartiers anciens de Paris avec sa chambre 18 x 24 cm, à partir de 1897. Il réalise ainsi plus de 10.000 plaques photographiques de rues, de cours, de jardins, petits commerces, vieux métiers. Incomprise dans un premier temps, son œuvre sera saluée par les surréalistes et influencera des photographes comme Walker Evans.

Henry Le Secq (1818-1882)
Sa production s’étend sur 7 ans à partir de 1850. Elle comprend la participation à la mission héliographique de 1851 qui organise l’inventaire photographique des monuments français, et des études plus personnelles d’arbustes et de natures mortes.